Les dirigeants polonais en tête d'un défilé nationaliste à Varsovie

Les conservateurs au pouvoir en Pologne ont commémoré dimanche le centenaire de l'indépendance du pays en prenant la tête d'un défilé organisé chaque année par les milieux nationalistes et auquel ont participé plus de 200.000 personnes, selon les chiffres du gouvernement. /Photo prise le 11 novembre 2018/REUTERS/Kacper Pempel

VARSOVIE (Reuters) - Les conservateurs au pouvoir en Pologne ont commémoré dimanche le centenaire de l'indépendance du pays en prenant la tête d'un défilé organisé chaque année par les milieux nationalistes et auquel ont participé plus de 200.000 personnes, selon les chiffres du gouvernement.

Les dirigeants du parti Droit et justice (PiS), accusés de faire tacitement le jeu de la droite radicale depuis leur accession aux commandes en 2015, avaient conclu vendredi soir un accord avec les organisateurs et sont restés symboliquement séparés du gros du cortège par les forces de sécurité.

Contrairement à l'an dernier, on l'on pouvait lire des slogans tels que "pur sang, esprit clair" ou "L'Europe sera blanche ou inhabitée", les banderoles explicitement racistes et suprémacistes ont disparu des rangs de cette "Marsz Niepodległości" (Marche de l'indépendance) organisée chaque année par l'extrême droite.

"Merci d'être venus ici, pour la Pologne, et d'avoir apporté ce drapeau (polonais) rouge et blanc pour lequel nos pères, grands-pères et arrière-grands-pères ont versé leur sang", a déclaré le président de la République Andrzej Duda (PiS) au début de la manifestation. "Il y a de l'espace pour tout le monde sous nos drapeaux", a-t-il ajouté.

A quelques centaines de mètres derrière lui, les manifestants ont déployé une banderole célébrant "Dieu, Honneur et Patrie" et tiré des fusées d'artifice rouges.

Des slogans hostiles à l'Europe - "Hors de l'UE" - ou au communisme et à l'homosexualité - "La Pologne doit être nationale, ni rouge, ni arc-en-ciel" ont été scandés.

La municipalité centriste de Varsovie avait voulu interdire cette marche en invoquant des raisons de sécurité mais la justice a annulé cette décision.

"Vous vous souvenez des slogans honteux de la marche du 11 novembre l'an dernier ?" a écrit samedi le député centriste Marcin Kierwinski sur son compte Twitter. "Un an plus tard, leurs auteurs rencontrent le président et le Premier ministre au lieu d'un procureur", a-t-il dit à propos des tractations menées entre les organisateurs de la marche et le gouvernement.

"C'était la plus grande marche des Polonais libres qu'il y ait jamais eu dans une Pologne libre", a déclaré la porte-parole du gouvernement, Joanna Kopcinska, à l'agence de presse PAP.

La Pologne a recouvré son indépendance le 11 novembre 2018 après avoir été partagée au XVIIIe siècle entre la Russie, la Prusse et l'empire austro-hongrois.

Cent ans après la fin de la Première Guerre mondiale, quelque 70 dirigeants dont Vladimir Poutine, Donald Trump et Angela Merkel ont célébré dimanche à Paris le retour, en 1918, d'une paix aujourd'hui menacée selon Emmanuel Macron par les "démons" du passé et le renouveau des nationalismes.

(Joanna Plucinska, Pawel Florkiewicz; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)