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Les députés français votent pour la reconnaissance de la Palestine

A Ramallah. Les députés français ont adopté mardi par 339 voix contre 151 une proposition de résolution socialiste non contraignante qui vise à reconnaître un Etat palestinien "en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit". /Photo d'archives/REUTERS/Mohamad Torokman

PARIS (Reuters) - Les députés français ont adopté mardi à une très large majorité une résolution socialiste non contraignante qui vise à reconnaître un Etat palestinien, un vote qui, selon les autorités israéliennes, n'aura que des effets négatifs. Les groupes socialiste, écologiste et Front de gauche ont voté cette résolution adoptée par 339 voix contre 151 qui "invite le gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit". Tous leurs orateurs ont affirmé, à l'image du socialiste François Loncle, que le but était de faire progresser la paix. Le groupe des radicaux de gauche s'est divisé. L'opposition UMP et UDI (centriste), à l'exception de quelques-uns de ses membres, a majoritairement voté contre cette reconnaissance. Le groupe UMP hésitait entre un vote contre et une non participation au scrutin mais, selon plusieurs députés, Nicolas Sarkozy, le nouveau président de la principale formation politique de la droite, a plaidé mardi en faveur du vote contre. L'ancien président estime que ce genre de décision relève de l'exécutif plutôt que du Parlement mais le gouvernement socialiste avait jugé le texte de la résolution recevable. "Votre résolution a une valeur juridique nulle. Elle va mettre de l’huile sur le feu dans une région du monde qui n’en a pas besoin", a dit Christian Jacob, président du groupe UMP. "Elle ne résoudra rien du tout. Elle risque au contraire d’opposer, ici en France des Français entre eux." Mais 48 députés UMP, dont l'ancien Premier ministre François Fillon, ne se sont pas déplacés pour voter. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déclaré vendredi dernier que la France reconnaîtrait "sans délai" l'Etat de Palestine si une ultime tentative de résolution négociée sous l'égide de la communauté internationale échouait, évoquant un délai de deux ans. PARIS VEUT DONNER UNE CHANCE À LA NÉGOCIATION "Nous ne voulons pas d'une reconnaissance symbolique qui n'aboutirait qu'à un Etat virtuel, mais nous voulons un Etat de Palestine réel. Nous voulons donc donner une chance à la négociation", a dit mardi Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. L'initiative parlementaire fait suite aux votes par les parlements espagnol et britannique de la reconnaissance de l'Etat palestinien, qui a été reconnu par la Suède. La droite, qui est majoritaire au Parlement européen, a repoussé à la fin décembre une résolution identique des sociaux-démocrates qui devait être examinée le 27 novembre. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et sa coalition sont hostiles à l'initiative française. Pour le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, ce vote va "uniquement mettre en péril la possibilité de parvenir à un accord entre Israël et les Palestiniens" qui, selon lui, durciront leur position. "La solution au conflit ne sera trouvée qu'à travers des négociations directes et honnêtes entre les parties et non par des initiatives unilatérales d'une des parties ou d'une tierce partie", a-t-il ajouté. Le président du Congrès juif européen, Moshe Kantor, a estimé dans un communiqué que les parlementaires français avaient donné "carte blanche à la haine palestinienne qui a conduit à des massacres et des tentatives de meurtre contre les Israéliens ces dernières semaines". "Reconnaître un nouvel Etat dont les dirigeants n'ont aucune légitimité, faute de démocratie et d'élections, ne va conduire qu'à déstabiliser un peu plus la région", a-t-il poursuivi. En revanche, un groupe de personnalités israéliennes de gauche a lancé une pétition en faveur de cette reconnaissance. Le Sénat français examinera pour sa part le 11 décembre trois propositions de résolution identiques émanant des groupes PS, écologiste et Front de gauche qui demandent au gouvernement de reconnaître un Etat palestinien. (Emile Picy, avec Ari Rabinovitch à Jérusalem, édité par Yves Clarisse)