La CE propose l'exemption de visa pour les Turcs

par Gabriela Baczynska BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a demandé mercredi aux gouvernements des Etats membres de l'Union de prendre des mesures pour exempter les ressortissants turcs de visa en contrepartie de l'accord par lequel Ankara s'est engagé à réduire l'afflux de migrants et réfugiés en Europe. La Turquie, qui héberge un grand nombre de réfugiés syriens et dont le territoire sert de point d'embarquement vers les îles grecques, avait menacé de se désengager de l'accord conclu en mars si elle n'obtenait pas la libre circulation promise à ses ressortissants. Malgré les critiques sur la situation des droits de l'Homme en Turquie, la CE invite dans un communiqué les Etats membres et le Parlement européen à valider l'exemption de visa d'ici à la fin du mois de juin. Son vice-président, Frans Timmermans, a néanmoins insisté devant la presse sur le fait qu'Ankara devait encore satisfaire cinq des 72 critères fixés par Bruxelles pour mettre en place la libre circulation. "Il n'y a pas de passe-droit" pour la Turquie, a-t-il affirmé, précisant que l'exemption de visa ne serait effective que pour les ressortissants turcs détenteurs d'un passeport biométrique, qui n'existe pas encore dans ce pays. "CONDITIONS PRESQUE REMPLIES" Frans Timmermans a ajouté que la CE proposait d'amender la réglementation européenne existante sur les exemptions de visas pour y introduire un mécanisme de suspension immédiate de cette mesure en cas de problème. Cette proposition avait été formulée la semaine dernière par la France et l'Allemagne, soucieuses de rassurer leurs opinions publiques sur les conséquences de l'ouverture des frontières européennes aux 79 millions de Turcs. Peu avant l'annonce de la CE, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, avait annoncé que son pays aurait bientôt satisfait à toutes les conditions posées par l'UE. Pour le ministre turc chargé des questions européennes, Volkan Bozkir, la Turquie pense avoir désormais satisfait aux 72 critères édictés par l'UE. Volkan Bozkir a dit espérer que l'accord sur l'exonération de visas pourra être bouclé d'ici la fin juin. Le Parlement turc a levé un des derniers obstacles à la mise en oeuvre de l'exemption de visas, en votant dans la nuit de mardi à mercredi une loi qui met en place une commission de contrôle des sanctions imposées aux membres des forces de sécurité accusés de crimes. Le gouvernement d'Ankara en avait levé un autre lundi en approuvant la suppression des visas pour les ressortissants de l'ensemble des 28 Etats membres de l'UE, une mesure de réciprocité qui constituait un autre de ces critères. Les ressortissants de quelques pays d'Europe de l'Est devaient jusqu'à présent demander un visa pour se rendre en Turquie. L'adoption du passeport biométrique est l'une des dernières conditions à satisfaire. Mevlut Cavusoglu a indiqué mercredi sur la chaîne télévisée NTV que la modification de la législation en la matière serait effectuée prochainement. (Avec Tulay Karadeniz et Gulsen Solaker à Ankara, Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)