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Moscou évoque des "conséquences irréversibles" pour l'Ukraine

Vue aérienne de l'aéroport Sergeï Prokofiev à Donetsk, prise jeudi dernier par un drone. Les combats se poursuivaient dans le secteur de l'aéroport tenu par les forces gouvernementales qui ont annoncé avoir perdu trois soldats lors des dernières 24 heures. /Image diffusée le 15 janvier 2015/REUTERS/Army.SOS

par Richard Balmforth KIEV (Reuters) - Le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé lundi que l'Ukraine devrait faire face à des "conséquences irréversibles" si elle tentait de résoudre par la force la crise dans l'est du pays, ce que Moscou considère comme une "erreur stratégique". Cette mise en garde faite par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine, cité par l'agence Interfax, intervient alors que les combats se poursuivent dans le secteur de l'aéroport de Donetsk tenu par les forces gouvernementales qui annoncent avoir perdu trois soldats lors des dernières 24 heures. L'armée ajoute que 66 militaires ont été blessés depuis dimanche dans les affrontements contre les séparatistes armés qui ont repris leurs attaques après une contre-offensive des troupes loyalistes. "Les autorités ukrainiennes commettraient leur plus grosse erreur et même une erreur stratégique en misant sur une solution militaire pour résoudre la crise dans la société ukrainienne et tous les problèmes dans le sud-est de l'Ukraine", a dit Karasine. "Cela peut conduire à des conséquences irréversibles pour l'Etat ukrainien". Ces déclarations interviennent après l'envoi d'un courrier de Vladimir Poutine à son homologue ukrainien Petro Porochenko détaillant son propre plan pour la paix, une initiative qui a été rejetée par Kiev. Les autorités ukrainiennes estiment que Moscou doit s'en tenir au protocole en 12 points conclu début septembre à Minsk en Biélorussie. La contre-offensive lancée lundi pour reprendre le terrain récemment gagné par les pro-russes n'est pas une violation de cet accord, estime Kiev. "Il est très important qu'un plan concret soit signé reprenant, sans exception, tous les points de l'accord de Minsk et non pas seulement ceux qui conviennent à la Russie ou aux terroristes", a dit Evhen Perebynis, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères à la télévision. OBJECTIF STRATÉGIQUE Donetsk, principale ville de l'est de l'Ukraine, est tenue par les rebelles qui y ont proclamé une "république populaire". Une partie de l'aéroport en revanche demeure sous le contrôle des forces régulières, qui ont lancé une contre-offensive au cours du week-end, affirmant avoir repris des positions perdues depuis l'accord de Minsk, signé le 5 septembre, qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat. "Les combattants séparatistes des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk continuent d'assiéger l'aéroport de Donetsk et de tirer sur nos positions", a déclaré le porte-parole de l'armée ukrainienne, Andriy Lysenko. "Ce n'est pas simplement un objectif stratégique. C'est une base d'où les terroristes pourraient lancer une nouvelle offensive. Nous ne céderons pas cet aéroport", a-t-il ajouté. Une source militaire a indiqué à Reuters qu'au moins 25 chars russes avaient franchi la frontière près de Louhansk. Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a déclaré que les services de renseignement, à Kiev, confirmaient la poursuite des livraisons de matériel militaire par la Russie aux séparatistes. "Des blindés, des obusiers, des missiles Grad, Smerch, Bouk", a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec Ewa Kopacz, Première ministre polonaise. A Bruxelles, la Haute représentante pour la diplomatie et la politique de sécurité Federica Mogherini a jugé que l'heure n'était pas à une levée des sanctions contre Moscou. Mogherini a toutefois estimé que les Européens devaient continuer à dialoguer avec la Russie pour l'inciter à mettre en oeuvre les accords de paix. Mais pour certains pays comme la Lituanie partisans d'une position intransigeante, cette option diplomatique peut laisser croire à un affaiblissement de la détermination commune. (Natalia Zinets; Henri-Pierre André, Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)