Les combats continuent en RDC malgré les appels à la paix

Soldat de l'armée congolaise vendredi près de Bunagana, dans l'est de la République démocratique du Congo. L'armée de RDC a accusé lundi les rebelles du M23 d'avoir bombardé cette ville située au nord de Goma, malgré le cessez-le-feu qu'ils ont proclamé au cours du week-end. /Photo prise le 1er novembre 2013/REUTERS/Kenny Katombe

par Kenny Katombe MBUZI, République démocratique du Congo (Reuters) - L'armée de la République démocratique du Congo (RDC) a accusé lundi les rebelles du M23 d'avoir bombardé la ville de Bunagana, dans l'est du pays, malgré le cessez-le-feu qu'ils ont proclamé au cours du week-end. Les insurgés affirment pour leur part que l'armée régulière a attaqué à l'arme lourde leurs positions dans les collines boisées le long de la frontière ougandaise. "Il ne s'agit pas de combats mais de bombes lancées par le M23 visant la population de Bunagana", a déclaré le colonel Olivier Hamuli, porte-parole des forces armées de la RDC, joint par téléphone. "Ils visent les civils. L'appel à un cessez-le-feu était un mensonge", a-t-il ajouté. Le chef politique du M23, Bertrand Bisimwa, a affirmé pour sa part que l'armée congolaise avait la première ouvert le feu. "Nous ne faisons que défendre nos positions", a-t-il dit, ajoutant que son groupe était disposé à signer un accord de paix négocié à Kampala, la capitale ougandaise. "Il n'y a plus de problèmes, toutes les questions ont été réglées, pourquoi le gouvernement refuse-t-il de signer?", s'est-il interrogé. Le porte-parole du gouvernement de Kinshasa, Lambert Mende, a annoncé que quatre civils avaient été tués par un obus tombé sur le marché de Bunagana et ajouté que l'armée poursuivrait son avance pour "balayer" les positions rebelles. Le gouvernement congolais, a-t-il poursuivi, entend informer de l'évolution de la situation les dirigeants des pays de la région des Grands Lacs et de l'Afrique australe réunis en Afrique du Sud. Il décidera ensuite des initiatives à prendre concernant les discussions de paix en Ouganda. EXODE Une employée de l'Onu présente du côté ougandais de la frontière a fait état d'au moins 17 blessés et de milliers d'habitants fuyant le secteur de Bunagana. "Nous étions à quatre kilomètres de la frontière et les explosions étaient si violentes que nous avons dû nous éloigner. Les rues sont pleines de gens qui fuient les combats", a dit Lucy Beck, représentante du HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés. Les rebelles du M23, qui ont cédé la majeure partie de leurs positions dans l'est de la RDC sous la pression des forces gouvernementales, avaient déclaré dimanche un cessez-le-feu afin, selon eux, de faire progresser les pourparlers de paix menés sous l'égide de l'Ouganda. Au cours de sa progression, l'armée congolaise a repris la semaine dernière Bunagana aux rebelles, qui restent déployés sur les hauteurs avoisinantes. Un journaliste de Reuters a rapporté que l'armée avait pris lundi le contrôle de Mbuzi, une colline stratégique dominant Bunagana, après l'avoir bombardée. Sept rebelles ont été capturés, a ajouté ce journaliste. Dans un communiqué, le M23 répète qu'il est "prêt à signer sans condition l'accord de paix conclu le dimanche 3 novembre à Kampala dès que le médiateur de ce dialogue aura fixé la date de la cérémonie". Les émissaires de l'Onu, de l'Union africaine, de l'Union européenne et des Etats-Unis ont conjointement appelé les deux parties à ne pas anéantir les progrès enregistrés lors des discussions en Ouganda. Ils jugent que le M23 doit comme convenu mettre fin sans délai à sa rébellion et que l'armée doit cesser son offensive militaire. Avec Pete Jones à Kinshasa, Elias Biryabarema à Kampala et David Lewis à Dakar; Henri-Pierre André, Bertrand Boucey et Guy Kerivel pour le service français