Les chiliens aux urnes, le conservateur Pinera favori

Les électeurs chiliens sont appelés aux urnes, dimanche, pour le premier tour d'une élection présidentielle pour laquelle le conservateur et ancien chef de l'Etat Sebastian Pinera (photo) fait figure de favori. /Photo prsie le 17 novembre 2017/REUTERS/Rodrigo Garrido

par Dave Sherwood et Antonio De la Jara

SANTIAGO (Reuters) - Les électeurs chiliens sont appelés aux urnes, dimanche, pour le premier tour d'une élection présidentielle pour laquelle le conservateur et ancien chef de l'Etat Sebastian Pinera fait figure de favori.

Il n'est toutefois pas assuré de l'emporter dès le premier tour et devrait devoir affronter au second Alejandro Guillier, ancien animateur de télévision présenté comme l'héritier de la présidente sortante, Michelle Bachelet, et qui portera les couleurs du centre-gauche.

Sebastian Pinera est crédité de 42% des intentions de vote contre 21% à Alejandro Guillier dans un sondage publié le mois dernier par l'institut CEP.

Ce scrutin marque un tournant dans l'histoire récente du Chili et la fin de la coalition de centre-gauche, la Concertation, axe central de la vie politique chilienne qui s'est peu à peu fissuré à mesure que se creusaient les divergences internes.

Michelle Bachelet, qui n'est pas autorisée à se représenter en raison de la limitation du nombre de mandats, quitte le pouvoir avec un cote de confiance de 30% qui incite de nombreux observateurs à présenter l'élection comme un référendum sur son deuxième passage à la tête du pays.

Tout au long de ces quatre ans, elle aura eu à coeur de réduire les inégalités en facilitant l'accès à l'éducation et en réformant profondément la fiscalité.

DÉSENCHANTEMENT

Sebastian Pinera, favori des milieux d'affaires, a de son côté mené campagne en promettant "d'améliorer" les réformes de Michelle Bachelet, accusées d'avoir freiné l'investissement alors que l'économie ressentait déjà les effets de la chute des cours du cuivre, minerai dont le Chili est le premier producteur mondial.

En face, Alejandro Guillier s'est engagé à approfondir les réformes de Michelle Bachelet et a mis en garde l'électorat contre le risque qu'un retour de Sebastian Pinera ferait selon lui courir pour les droits des étudiants, des femmes et des travailleurs.

Du passage de Sebastian Pinera à la Moneda, le palais présidentiel chilien, la communauté internationale se souvient surtout du spectaculaire sauvetage de 33 mineurs piégés sous terre, tandis que beaucoup de ses concitoyens ont retenu les gigantesques manifestations d'étudiants qui réclamaient une réforme du système universitaire.

Sa réponse leur avait alors paru déconnectée des réalités des Chiliens, ce qui avait galvanisé l'opposition.

A Santiago, la capitale, l'hypothèse d'une victoire du candidat conservateur semble pourtant avoir fait son chemin et l'atmosphère paraît bien moins enflammée qu'à l'accoutumée dans les bars et les cafés de la ville.

Cette apparente apathie est sans doute alimentée par le désenchantement de plus en plus perceptible des Chiliens qui ont assisté ces derniers temps à une multiplication de scandales politico-financiers.

Une participation élevée permettrait à la gauche de déterminer si elle est mesure de battre Sebastian Pinera au second tour.

La présidence a annoncé que les transports en commun seraient gratuits, une décision qualifiée par Sebastian Pinera de manoeuvre destinée à soutenir Alejandro Guillier.

(Nicolas Delame pour le service français)