Liesse populaire pour les champions du monde, de retour à Paris

Liesse populaire pour les champions du monde, de retour à Paris

PARIS (Reuters) - Les 23 Bleus, sacrés champions du monde de football 20 ans après leurs aînés, ont reçu un accueil triomphal lundi à leur retour en France, où il ont défilé avenue des Champs-Elysées à Paris avant d'être reçus à la présidence de la République.

Juchés sur un autobus à impériale azur marqué de deux étoiles, les sportifs ont salué sur les Champs-Elysées les centaines de milliers d'admirateurs venus les acclamer aux cris de "On est les champions", maillots sur les épaules et drapeaux tricolores en main, dans le brouillard des fumigènes.

Les Bleus emmenés par leur capitaine Hugo Lloris et leur entraîneur Didier Deschamps ont brandi le trophée doré remporté dimanche au bout d'un mois de périple en Russie.

Sécurité oblige, à la différence de 1998, un couloir avait été aménagé au bord de l'avenue pour permettre au bus de circuler, escorté par des dizaines de policiers à pied, alors que 2.000 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés.

La parade a été beaucoup plus courte qu'alors - une quinzaine de minutes. Comme le 14-Juillet, les avions de la Patrouille de France ont dessiné des drapeaux tricolores dans le ciel de Paris.

Délaissant leur T-shirt pour une chemise claire et un blazer marine, les champions ont ensuite rejoint le palais de l'Elysée où les attendaient Emmanuel Macron et son épouse Brigitte sur le tapis rouge déroulé dans la cour d'honneur.

Sur le perron, les joueurs ont improvisé quelques notes a cappella, dont "I will survive", chanson fétiche de 1998, et une Marseillaise.

"Merci d'avoir rapporté cette coupe, merci de nous avoir rendus fiers, merci d'avoir mouillé le maillot, merci d'avoir été unis", leur a déclaré Emmanuel Macron dans les jardins de l'Elysée, où avaient conviés quelque 1.500 invités, dont de nombreux enfants.

"Merci aux familles qui sont là, merci aux éducateurs", a poursuivi le chef de l'Etat. "Ne changez pas : cette équipe elle est belle parce qu'elle est unie et parce qu'elle a été forte et fière de la France".

LA FÊTE ÉMAILLÉE D'INCIDENTS

Troisième message du président : "N'oubliez jamais d'où vous venez, et vous venez de là : devant vous il y a les clubs qui vous ont formés, des clubs de la France entière."

Le milieu de terrain Paul Pogba s'est ensuite emparé du micro pour improviser des danses et des chants entonnés par le public, qui est ensuite venu à la rencontre de ses idoles pour une séance de dédicaces et de selfies.

Les clubs de Bondy (Seine-Saint-Denis) où a débuté le phénomène Kylian Mbappé, de Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), la ville de Paul Pogba, de Vincennes (Val-de-Marne), où Blaise Matuidi a été formé, et Suresnes (Hauts-de-Seine), où a évolué N'Golo Kanté, étaient notamment représentés.

Les champions du monde étaient arrivés en milieu d'après-midi à l'aéroport Charles-de-Gaulle en provenance de Moscou, où ils ont été sacrés dimanche grâce à une victoire 4-2 contre une talentueuse équipe de Croatie.

La fête qui a suivi dans toute la France a été émaillée d'incidents, particulièrement dans le quartier des Champs-Elysées où la police a essuyé des jets de projectiles.

Des heurts ont également eu lieu à Lyon, Marseille, Strasbourg ou Mulhouse. Au total, 292 personnes ont été placées en garde à vue en France, dont 90 à Paris.

STATIONS DE MÉTRO REBAPTISÉES

La victoire des Bleus peut donner au chef de l'Etat "une petite bouffée d'oxygène avant les vacances et lui permettre de revenir en septembre, avec un petit 'shot' de popularité, qui pourra l'aider à démarrer la rentrée", estime le président de l'institut de sondage Odoxa Gaël Sliman.

"Ça fait du bien au pays, ça fait du bien à tous de voir tous ces sourires et toutes ces générations", a commenté lundi la maire de Paris Anne Hidalgo sur RTL, évoquant en parallèle les moments de deuil et de recueillement consécutifs aux attentats de 2015, notamment.

Pour la ministre des Sports Laura Flessel, qui s'exprimait sur Europe 1, la victoire des Bleus, vingt ans après la première étoile de 1998, devrait "donner à cette nouvelle jeunesse cette envie d'oser croire en ses rêves".

En 1998, l'euphorie de la victoire d'une équipe "black-blanc-beur" à l'image de la population française avait suscité l'espoir d'une cohésion nationale renouvelée.

La crise économique de la fin des années 2000, les attentats des années 2015 et suivantes ont achevé de balayer l'illusion d'une société apaisée. Pour les analystes, il serait vain d'attendre de la victoire des Bleus de 2018 qu'elle suffise à enrayer des fractures communautaires, territoriales et sociales qui n'ont fait que se creuser depuis 20 ans.

Au total, 19,3 millions de téléspectateurs ont regardé la finale du Mondial dimanche en France, selon Médiamétrie.

Dans un clin d'oeil à la consécration tricolore, six stations de métro, à Paris, ont été rebaptisées pour la journée en hommage aux Bleus. Ainsi la station Victor Hugo est devenue "Victor Hugo Lloris", du nom du gardien de but, Bercy "Bercy les Bleus" ou encore Notre-Dame-des-Champs, "Notre Didier Deschamps", a annoncé la RATP.

(Elizabeth Pineau, Sophie Louet, Simon Carraud, Emmanuel Jarry, avec Catherine Lagrange à Lyon)