Les Chaabab attaquent un hôtel à Nairobi, au moins 15 morts

par George Obulutsa et Baz Ratner

NAIROBI (Reuters) - Un commando d'hommes armés a fait irruption mardi après-midi dans un complexe hôtelier abritant également des bureaux à Nairobi, la capitale du Kenya, faisant au moins 15 morts. L'attaque a été revendiquée par le groupe islamiste somalien des Chabaab.

Plus de douze heures après le début de l'attaque, des coups de feux et des explosions ont été entendus aux abords de l'hôtel vers 03h30 locales (00h30 GMT), alors qu'une cinquantaine d'employés étaient évacués à l'extérieur.

De nombreuses personnes étaient toujours prises au piège dans certains secteurs du complexe hôtelier, dont certains ont été blessés par balle, ont indiqué les secours.

Quinze corps sont arrivés à la morgue de Chiromo vers 01h00 locale et d'autres dépouilles sont attendues.

Parmi les tués figurent un Américain et un Britannique, a indiqué un employé de la morgue de Chiromo. Onze autres sont des Kenyans et deux n'avaient pas de papiers d'identité sur eux, empêchant leur identification dans l'immédiat.

Le ministre kenyan de l'Intérieur, Fred Matiang'i, avait annoncé plus tôt, vers 23h00 (20h00 GMT) que tous les bâtiments du complexe avaient été sécurisés et de nombreuses personnes évacuées.

Le ministre n'a fourni aucune précision sur le sort des assaillants, indiquant seulement que les forces de sécurité continuaient à ratisser les environs.

L'attaque a débuté vers 15h00 par une explosion à proximité de voitures garées devant l'hôtel, a dit le chef de la police, Joseph Boinnet.

Les images des caméras de télésurveillance montrent que les assaillants étaient au moins quatre, dont deux avaient le visage dissimulé sous un foulard.

LE PRÉCÉDENT DE WESTGATE

Serge Médic, le patron suisse d'une société de sécurité qui s'est rendu sur les lieux, a raconté que la porte principale de l'hôtel avait volé en éclats sous l'effet de l'explosion.

En plus de l'hôtel, qui appartient à une chaîne thaïlandaise, le complexe du 14 Riverside abrite les sièges locaux de plusieurs entreprises internationales, dont BASF, Colgate Palmolive, Reckitt Benckiser ou encore Pernod Ricard, Dow Chemical et SAP.

De nombreux employés sont restés cachés dans leurs bureaux pendant plusieurs heures, avant d'être évacués par les forces de sécurité.

Le groupe islamiste somalien des Chabaab a revendiqué cette attaque. "Nous sommes derrière l'attaque à Nairobi", a déclaré à Reuters leur porte-parole pour les opérations armées. "Nous donnerons des détails plus tard", a ajouté Abdiasis Abu Musab.

Ces mêmes Chabaab ont mené en 2013 une des attaques meurtrières qui ont visé Nairobi ces dernières années en prenant d'assaut le centre commercial Westgate lors d'une opération qui avait fait 67 morts. Deux ans plus tard, près de 150 étudiants avaient été massacrés par les Chaabab à l'université de Garissa.

L'attaque de mardi s'est produite alors que la justice kenyane s'apprête à rendre son verdict contre quatre hommes accusés d'avoir aidé les assaillants de Westgate.

(Avec les journalistes du bureau de NAIROBI, Feisal Omar à MOGADISCIO et Joan Faus à MADRID; Henri-Pierre André, Nicolas Delame, Tangi Salaün, Eric Faye et Arthur Connan pour le service français)