Les Bourses repartent, les craintes de tensions s'apaisent

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont rebondi assez nettement jeudi, les craintes de tensions commerciales s'apaisant sur fond de repli de l'euro et de détente des rendements obligataires.

À Paris, le CAC 40 a gagné 0,65% à 5.267,26 points. Le Footsie britannique a progressé de 0,1% et le Dax allemand de 0,88%.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,68%, le FTSEurofirst 300 0,62% et le Stoxx 600 0,52%.

Longtemps indécise, la tendance en Europe s'est renforcée dans le sillage de la hausse à Wall Street, où le Dow Jones gagne près de 1%.

Les investisseurs américains ont été apparemment rassurés par les propos du principal conseiller de Donald Trump pour le commerce international, Peter Navarro, qui a dit penser que les velléités protectionnistes exprimées par le président ne provoqueraient pas de guerre commerciale.

"Les commentaires sur les tarifs douaniers ont eu un effet déstabilisateur sur les marchés et la Maison blanche en a pris conscience, d'où cette forme de rétropédalage sur le plan de la rhétorique", commente Peter Kenny, chargé de la stratégie de marché chez Global Markets Advisory Group.

La volatilité a reculé des deux côtés de l'Atlantique, les investisseurs redoutant de moins en moins une accélération de l'inflation à la suite d'une série d'indicateurs rassurants.

Sur le marché des changes, le dollar progresse de 0,4% et l'euro recule d'autant, autour de 1,2313, un repli qui a favorisé les valeurs exportatrices de la zone euro.

Sur le front de la dette, la baisse des rendements des emprunts d'Etat se poursuit : le rendement à dix ans allemand évolue à un creux d'un mois et demi, autour 0,58%, et celui des Treasuries de même échéance reflue vers 2,83%, s'éloignant un peu plus du pic à près de 2,96% touché le 21 février.

SOCGEN CHUTE APRÈS LE DÉPART DU DG DÉLÉGUÉ

Aux valeurs en Europe, Société générale a reculé de 0,67%, l'une des rares baisses du CAC 40, au lendemain de l'annonce du départ de son directeur général délégué Didier Valet, qui ramène sur le devant de la scène le dossier du contentieux lié au taux Libor.

Pratiquement tous les compartiments ont fini dans le vert, même celui de la distribution, malgré les replis de Dufry (-6,24%) et H&M (-3,32%) après des publications de résultats mal accueillies.

A New York, Alibaba prend autour de 4% sur un article du Wall Street Journal selon lequel le géant chinois du commerce en ligne envisagerait d'être coté aussi en Chine.

Si les actions ont retrouvé des couleurs, les investisseurs s'interrogent toujours sur les effets de la mise en place par Donald Trump de barrières douanières sur l'acier et l'aluminium et sur l'intention prêtée au président américain de s'en prendre aux importations chinoises.

Larry Kudlow, désigné pour remplacer Gary Cohn au poste de conseiller économique à la Maison blanche, n'a rien fait pour rassurer les marchés en déclarant que la Chine "avait bien cherché" la riposte économique envisagée par Washington.

"Depuis longtemps déjà, la Chine ne respecte pas les règles du jeu. Je dois dire, alors que je ne suis pas un partisan des barrières douanières, que je pense que la Chine l'a bien cherché", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il espérait qu'une coalition se formerait pour répondre commercialement à Pékin.

Il a par ailleurs déploré le niveau du dollar, jugeant que le billet vert avait perdu trop de valeur depuis un an.

La livre sterling, elle, a effacé ses gains pour se stabiliser face au dollar après les déclarations du ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, qui a laissé entendre que les oligarques russes dont la fortune provient de leurs liens avec Vladimir Poutine pourraient être visés par la police britannique.

Une telle mesure s'inscrirait dans le cadre des représailles à la tentative d'assassinat d'un ex-agent double russe dans le sud de l'Angleterre, dans laquelle Londres a mis directement en cause l'Etat russe.

Sur le marché pétrolier, les cours du brut progressent modérément, tiraillés entre la bonne tenue de la demande et la hausse de la production américaine, qui menace de saper les efforts de l'Opep pour rééquilibrer le marché mondial.

(Édité par Bertrand Boucey)