Les Bourses européennes plient, regain de tensions sur le commerce

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en baisse mercredi dans la matinée, s'éloignant de leurs récents plus hauts, dans un contexte de regain d'incertitudes sur les négociations commerciales sino-américaines après des déclarations prudentes de Donald Trump.

À Paris, l'indice CAC 40 abandonne 0,9% à 5.589,26 points vers 07h50 GMT. À Francfort, le Dax, plus exposé aux tensions liées au commerce en raison du poids important des valeurs exportatrices, cède 1,05% et à Londres, le FTSE perd 0,56%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 0,94%, le FTSEurofirst 300 perd 0,73% et le Stoxx 600 se replie de 0,66%.

Le président américain Donald Trump a déclaré mardi qu'il n'était pas satisfait des récentes négociations sur le commerce bilatéral entre les Etats-Unis et la Chine, malgré les récentes avancées qui semblaient avoir été réalisées.

Lundi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait ainsi indiqué que la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine était "entre parenthèses", après deux jours de négociations jugées fructueuses à Washington.

"Le marché est probablement devenu trop optimiste lundi. La réalité est que les discussions continuent étant donné qu'ils n'ont pas fait d'avancées sur de nombreux problèmes, y compris celui de la propriété intellectuelle", commente Norihiro Fujito, analyste chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities.

Autre sujet de friction entre les deux pays, Donald Trump a par ailleurs fait savoir mardi qu'il n'y avait pas d'accord avec Pékin concernant l'équipementier des télécommunications chinois ZTE contre lequel les Etats-Unis envisagent de lourdes pénalités.

EN ATTENDANT LES MINUTES DE LA FED

Dernier élément susceptible d'alimenter la prudence sur les marchés, le président américain a laissé planer le doute sur la tenue le 12 juin du sommet avec le numéro un nord-coréen Kim Jong-un à Singapour, se disant prêt à l'annuler si les conditions n'étaient pas remplies.

Les déclarations de Donald Trump ont pesé sur Wall Street, qui a fini en baisse mardi soir sur fond de repli des grandes valeurs industrielles. Le Dow Jones a perdu 0,72%, le Standard & Poor's 500 a lâché 0,31% et le Nasdaq Composite a perdu 0,21%.

La tendance a été aussi négative mercredi en Asie, où la Bourse de Tokyo a reculé de 1,18%. L'indice CSI des 300 grandes capitalisations de Chine continentale a abandonné 1,32%.

Le regain de tensions sur le front commercial favorise un repli sur les obligations souveraines: le rendement des Treasuries à dix ans revient à 3,0228% et celui du Bund allemand de même échéance retombe à 0,52%.

Cela n'empêche pas le dollar de repartir à la hausse après avoir souffert mardi de prises de bénéfices. Le billet vert gagne 0,36% face à un panier de devises de référence et revient vers un plus haut de décembre.

Les cambistes sont désormais tournés vers la Réserve fédérale, qui publiera à 18h00 GMT le compte rendu de sa dernière réunion de politique monétaire.

"Les 'minutes' devraient nous donner un meilleur aperçu sur le fait de savoir si les responsables de la Fed s'inquiètent du récent ralentissement de l'économie américaine et si la hausse des cours du pétrole les préoccupe concernant les dépenses de consommation, ainsi que l'inflation", indique Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

Les cours du brut se replient mercredi, la perspective d'une hausse de la production de l'Opep pesant sur le marché, même si les tensions géopolitiques devraient maintenir les prix à des plus hauts de plus de trois ans.

Le cartel pétrolier pourrait décider d'augmenter sa production dès juin en raison des craintes d'approvisionnement liées au Venezuela et à l'Iran, alors que Washington juge la hausse des cours trop importante, ont rapporté à Reuters des sources du secteur et du cartel.

LES MATIÈRES PREMIÈRES PÈSENT

En Europe, les investisseurs surveilleront à 08h00 GMT l'estimation flash des indices PMI pour la zone euro pour le mois de mai, qui devraient donner une idée de l'ampleur du ralentissement de l'économie observé au premier trimestre.

La publication d'indicateurs PMI bien inférieurs aux attentes en Allemagne a déjà poussé l'euro en nette baisse face au dollar. La devise unique est retombée jusqu'à 1,1700, un nouveau plus bas de cinq mois.

En Italie, le président Sergio Mattarella, qui a le dernier mot en matière de nomination du gouvernement, n'a toujours pas pris de décision concernant la proposition faite par les chefs de file de la Ligue et du mouvement anti-système M5S de nommer Giuseppe Conte président du Conseil.

Aux valeurs, les secteurs liées aux ressources de base (-1,82%) et au pétrole (-2,06%) souffrent de la baisse des cours des matières premières avec le regain de tension sur le commerce international.

Le secteur de l'alimentaire (+0,06%) tente pour sa part de résister grâce au bond du groupe de boissons britannique Britvic (+5,93%) après l'annonce d'une hausse de 4,5% de son chiffre d'affaires semestriel.

Toujours à Londres, Marks and Spencer bondit de 3,22% en réaction à l'annonce d'un bénéfice imposable annuel supérieur aux attentes, bien qu'en baisse de 5,4%.

Standard Chartered monte de 2,3% alors que le FT a rapporté que Barclays (-0,26%) envisageait une éventuelle fusion avec la banque ou une autre de ses concurrentes. Des sources ont par la suite indiqué à Reuters que Barclays n'avait pas de tels projets.

Lanterne rouge du Stoxx 600, Euronext lâche 4% après la dégradation du conseil d'UBS à "vendre".

(Édité par Wilfrid Exbrayat)