Les Bourses européennes optent pour la prudence avant le G7

par Blandine Henault

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes évoluent en net repli vendredi dans la matinée, la prudence l'emportant avant le sommet des pays du G7 qui devrait être largement consacré aux tensions commerciales et les réunions de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine prochaine.

À Paris, l'indice CAC 40 cède 0,45% à 5.423,88 points vers 08h00 GMT. À Francfort, le Dax, plus sensible aux tensions commerciales en raison du poids des valeurs exportatrices, recule de 1,35% et à Londres, le FTSE abandonne 0,76%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro lâche 0,85%, le FTSEurofirst 300 se replie de 0,65% et le Stoxx 600 baisse de 0,6%.

Le sommet du G7, qui se réunit vendredi et samedi à Charlevoix au Canada, s'annonce comme l'un des plus tendu en 42 ans d'existence, alors que les politiques non coopératives de Donald Trump menacent de causer une guerre commerciale mondiale et de profondes divisions diplomatiques.

Le président américain a encore jeté de l'huile sur le feu jeudi soir, en s'attaquant sur Twitter à la France et au Canada, qu'il a accusés d'imposer des "droits de douane énormes" aux Etats-Unis.

"Le G7, qui s'apparente à un G6 +1, s'annonce volcanique (...) Le communiqué final pourrait être signé à six plutôt qu'à sept", prévient Tangi Le Liboux, stratège chez Aurel BGC.

Ce regain de tensions commerciales pèse en particulier sur le compartiment automobile (-1,51%) qui accuse la plus forte baisse sectorielle en Europe.

RESSERREMENT MONÉTAIRE

La prudence des investisseurs a aussi été perceptible en Asie, où l'ensemble des places boursières a clôturé dans le rouge. Le Nikkei à Tokyo a reculé de 0,56% après quatre séances consécutives de hausse et l'indice composite de la Bourse de Shanghai a perdu 1,36%, pénalisé en outre par des craintes sur l'impact pour la liquidité du marché de la cotation de "licornes".

A Wall Street, la hausse des "techs" s'est essoufflée, ce qui a pesé sur la tendance jeudi. L'indice Dow Jones a gagné 0,38% mais le Standard & Poor's 500 a terminé sans grand changement (-0,07%) et le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a perdu 0,7%.

Les investisseurs attendent mardi et mercredi la réunion de politique monétaire de la Fed, qui devrait relever son taux directeur pour la deuxième fois de l'année à l'issue des délibérations du FOMC (Comité de politique monétaire). Les opérateurs de marché seront surtout attentifs au moindre signe suggérant que la Fed pourrait effectuer quatre hausses de taux en tout en 2018, alors qu'elle en anticipe officiellement trois pour le moment.

La BCE devrait pour sa part débattre jeudi de l'arrêt de son programme de rachats d'actifs d'ici la fin de l'année. Ses responsables ont affiché ces derniers jours une certaine détermination à mettre fin à ces rachats, ce qui a contribué à raffermir l'euro.

La monnaie unique retombe vendredi sous le seuil de 1,18 dollar, après avoir atteint la veille un pic à 1,1840, au plus haut depuis la mi-mai.

L'euro a été pénalisé par l'annonce d'une baisse inattendue de la production industrielle en Allemagne, qui a reculé de 1% en avril sur un mois, contre une hausse de 0,3% attendue par les économistes interrogés par Reuters.

DÉTENTE SUR LES TAUX

L'indice dollar, qui mesure l'évolution du billet vert face à un panier de devises de référence, reprend ainsi un peu de terrain mais reste proche d'un plus bas de trois semaines.

Le dollar a souffert du net repli des rendements des Treasuries jeudi soir qui a vu tomber le 10 ans américain à 2,88%, après avoir frôlé plus tôt dans la journée les 3%.

"Une situation de marché compliquée au Brésil (baisse des actions et de la devise, accompagnée de tensions sur les taux d'intérêt, sur fond de ralentissement de la croissance et de tensions sociales et politiques) dans un contexte de positionnement vendeur des opérateurs sur les T-bonds américains, serait la principale explication à ce décrochage", indique Hervé Goulletquer, stratège chez LBPAM.

Le rendement des Treasuries à 10 ans est revenu vendredi à 2,9205%. Celui du Bund allemand de même échéance perd plus de quatre points de base, pour retomber à 0,439% après un pic à 0,517% la veille sur fond d'anticipations de l'arrêt du QE de la BCE.

KERING RASSURE ET REBONDIT

Aux valeurs en Europe, Kering rebondit de 2,47%, signant de loin la plus forte hausse d'un CAC 40 presque exclusivement dans le rouge. Le titre a perdu 4,15% jeudi, sa plus forte baisse depuis le 8 février, pénalisé par des craintes concernant un ralentissement de la croissance du luxe en Chine et par la présentation des perspectives de sa filiale Gucci.

Plusieurs analystes ont toutefois relevé leur objectif de cours vendredi, à l'instar de ceux de Berenberg qui se sont dit rassurés par les perspectives dévoilées par la marque de luxe, principal pôle de profits de Kering.

En tête du Stoxx 600 et du SBF 120, Ingenico grimpe pour sa part de 5,77%, porté par le relèvement du conseil de Barclays.

Les opérateurs de satellites SES (+5,86%) et Eutelsat (+7,17%) se distinguent également après le relèvement de la recommandation à "achat" d'UBS sur SES.

Lanterne rouge du CAC 40, ArcelorMittal perd 2,63%, pénalisé par le repli des cours des matières premières. L'indice Stoxx des ressources de base abandonne 0,9%.

Sur le marché pétrolier, les cours du brut évoluent en baisse, grevés par des signes d'un affaiblissement de la demande chinoise et par la hausse de la production américaine.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)