Les Bourses européennes dans le rouge, les taux pèsent

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont dans le rouge vendredi en début de séance dans un marché rendu nerveux par la remontée des rendements des emprunts d'Etat sur des craintes d'une accélération par les grandes banques centrales du resserrement de leurs politiques monétaires.

Les marchés d'actions sont pénalisés en outre par la vigueur de l'euro, qui se stabilise autour de 1,25 dollar après avoir touché un pic à 1,2522.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 0,8% à 5.410,96 points vers 09h00 GMT. À Francfort, le Dax recule de 0,97% et à Londres, le FTSE abandonne 0,09%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro cède 0,79%, le FTSEurofirst 300 abandonne 0,6% et le Stoxx 600 se replie de 0,6%.

Aux valeurs, la plupart des secteurs reculent à l'exception notable de l'énergie dont l'indice Stoxx prend 0,59% sur fond de progression des cours du pétrole et de faiblesse du dollar..

Le compartiment bancaire perd 0,71%, pénalisé notamment par Deutsche Bank, qui chute de 6,11% après avoir fait état d'une troisième perte annuelle consécutive en 2017, conséquence d'une conjoncture difficile, d'un recul des revenus de la banque d'investissement et de la réforme fiscale américaine.

Outre les résultats trimestriels, dont la saison bat son plein, la cote est animée par les changements de recommandation. JCDecaux (-3,9%), Sodexo (-2,88%) et Airbus (-1,72%), dégradés respectivement par Barclays, Morgan Stanley et Credit Suisse, en font les frais.

Sur le front de la dette, le rendement du Bund allemand à 10 ans a atteint 0,752%, un plus haut depuis septembre 2015, et celui des Treasuries à 10 ans a dépassé 2,8%, pour la première fois depuis avril 2014, après la révision à la hausse des anticipations de la Réserve fédérale en matière d'inflation.

LA BOJ INTERVIENT SUR LE MARCHÉ OBLIGATAIRE

Du côté de la Banque centrale européenne, Ewald Nowotny, membre du Conseil des gouverneurs de l'institution de Francfort, a estimé jeudi soir que celle-ci devrait arrêter ses rachats d'actifs immédiatement. Il a ajouté toutefois que la décision ne serait pas prise avant le mois de septembre.

Wall Street a fini sans grand changement sous les effets conjugués de la hausse des taux obligataires et de résultats de géants de la cote, bien accueillis dans l'ensemble.

Les investisseurs suivront à 13h30 GMT la publication du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis. La composante sur les salaires devrait être particulièrement surveillée.

"Le salaire horaire sera une nouvelle fois l'élément important à observer cet après-midi. Il pourrait confirmer les prévisions de la Fed et pousser le consensus à anticiper non plus trois mais quatre hausses de taux" de la banque centrale américaine cette année, indiquent les stratèges de Mirabaud Securities.

En Asie, la Bourse de Tokyo a terminé en baisse de 0,9%, pénalisée par le repli de ses valeurs bancaires après l'intervention de la Banque du Japon (BoJ) sur le marché obligataire.

La BoJ a procédé vendredi à une opération spéciale pour freiner la hausse des rendements de la dette souveraine, proposant de racheter un montant illimité d'emprunts d'Etat (JGB) ayant des échéances à long terme.

Cette annonce a fait retomber le rendement des emprunts d'Etat japonais à 10 ans à 0,085% et reculer le yen, qui perd 0,35% face au dollar

L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) perd 0,62%, pénalisé par le repli de 1,68% du Kospi à Séoul avec la forte baisse de Samsung (-4,26%).

L'indice composite de la Bourse de Shanghai a rebondi vendredi mais n'en accuse pas moins une perte sur la semaine de 2,7%, son plus net repli hebdomadaire en pourcentage depuis décembre 2016, pénalisé par un mouvement de vente sur les petites valeurs.

(édité par Blandine Hénault)