Les Bourses dans le rouge, la peur d'une guerre commerciale pèse

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes creusent leurs pertes jeudi à mi-séance après des indicateurs peu rassurants pour la santé de l'économie de la zone euro et Wall Street est attendue en repli à l'approche des annonces de Donald Trump sur la taxation de certaines importations chinoises.

La crainte d'une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales paraît animer davantage les marchés que les annonces faites mercredi par la Réserve fédérale américaine, qui privilégie toujours trois hausses de taux en tout cette année mais laisse entrevoir un resserrement plus agressif l'an prochain.

"Le président de la Fed, Jerome Powell, a laissé présager une accélération du resserrement monétaire pour 2019 et 2020 mais le marché semble faire abstraction de ses remarques", constate Paul Flood, gérant de Newton Investment Management.

"Les barrières commerciales érigées par Donald Trump inquiètent la Fed qui craint que ces mesures ne freinent la croissance. Les marchés semblent être d'accord avec ce constat", ajoute-t-il.

À Paris, le CAC 40 perd 1,14% à 5.179,97 points à 11h45 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,13% et à Londres, le FTSE recule de 0,92%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 abandonne 0,98%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 1,24% et le Stoxx 600 0,95%.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de plus de 0,6% et la fin de séance américaine pourrait être animée puisque Donald Trump doit signer à 16h30 GMT le document fixant les droits de douane sur certaines importations chinoises, qui devrait cibler particulièrement les secteurs de la technologie et des télécommunications.

LES TAUX BAISSENT, LA VOLATILITÉ REMONTE

La fébrilité des marchés avant ces annonces est attestée par la légère baisse du dollar, qui perd 0,1% face à un panier de devises de référence, mais surtout par un net repli des rendements des emprunts d'Etat et par une hausse de la volatilité sur les marchés d'actions en Europe comme aux Etats-Unis.

Le rendement des Treasuries à 10 ans cède près de cinq points de base pour revenir vers 2,85%, alors qu'il avait dépassé 2,93% mercredi pendant la conférence de presse de Jerome Powell, le président de la Fed. Le rendement du Bund allemand de même échéance suit le mouvement, reculant de près de quatre points de base à 0,560%.

En Europe, les actions souffrent aussi en raison de l'annonce d'un ralentissement plus marqué que prévu de la croissance du secteur privé dans la zone euro ainsi que d'une détérioration de la confiance des entrepreneurs allemands selon l'indice Ifo.

Les investisseurs attendent pour 12h00 GMT les décisions de la Banque d'Angleterre, qui ne devrait pas toucher à ses taux mais dont les intentions pour les mois à venir seront très écoutées au lendemain de l'annonce d'une hausse marquée des salaires au Royaume-Uni.

Il faudra surveiller La livre sterling, qui évolue au plus haut depuis début février face au dollar et à l'euro.

LES BANQUES ET LES TECHS RECULENT

Aux valeurs en Europe, le repli des rendements obligataires et les déclarations de la Fed pèsent sur le compartiment bancaire, dont l'indice Stoxx abandonne 1,79%.

Le segment technologique (-1,55%) accuse encore l'un des plus nets replis dans un contexte de prudence accrue sur les grandes valeurs américaines du compartiment après les déboires de Facebook.

A Paris, les deux plus fortes baisses du CAC 40 sont pour STMicroelectronics (-2,8%) et Société Générale (-2,96%).

A la hausse, le britannique Reckitt Benckiser grimpe de 5,17%, en tête du Stoxx 600, après avoir mis fin aux discussions avec l'américain Pfizer concernant le rachat de son pôle produits de santé et d'hygiène grand public, ce qui soulage les craintes sur le financement envisagé pour cette opération.

Le baril de Brent cède un peu de terrain mais évolue encore à plus de 69 dollars après la forte hausse enregistrée la veille en réaction à l'annonce par l'Energy Information Administration (EIA) américaine d'une baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis.

Goldman Sachs a relevé sa prévision de cours pour le Brent à 82,50 dollars en milieu d'année, en expliquant tabler sur une efficacité accrue des mesures d'encadrement de l'offre prises par l'Opep.

(Édité par Marc Angrand)