L'audience sur le patrimoine Hallyday renvoyée au 30 mars

par Emmanuel Jarry

NANTERRE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Le tribunal de grande instance de Nanterre a décidé jeudi de renvoyer au 30 mars l'audience en référé qui devra statuer sur un gel éventuel du patrimoine de Johnny Hallyday, à la demande de ses deux premiers enfants, Laura Smet et David Hallyday.

Ce délai était demandé par les avocats des deux aînés du rocker, en raison de la communication tardive ou en anglais de pièces du dossier par sa dernière épouse, Laeticia Hallyday, et son conseil, Me Ardavan Amir-Aslani.

La présidente de la première chambre du TGI de Nanterre, Anne Beauvois, a estimé que ce délai était nécessaire afin de permettre un débat contradictoire dans de bonnes conditions et dans le respect des droits de chacune des parties.

Laura Smet et David Hallyday contestent le dernier testament connu de leur père, rédigé en anglais, signé le 11 juillet 2014, qui met en avant sa qualité de résident à Los Angeles et ne leur laisse rien, comme le droit américain l'autorise.

Le rocker fait de sa dernière épouse, Laeticia, son exécutrice testamentaire. En cas d'impossibilité, son frère Grégory Boudou serait cet exécuteur et, à défaut encore, sa grand-mère Elyette Boudou, surnommée "Mamie Rock" et déjà à la tête de sociétés chargées de la gestion de ses droits.

Il confie en outre la gestion de tous ses biens, de quelque nature qu'ils soient et dans quelque pays qu'ils se trouvent, à un "trust", disposition courante en droit anglo-saxon.

Les avocats des aînés de Johnny Hallyday, qui ont mis un point d'honneur a appeler sa dernière épouse par son nom de jeune fille, Laeticia Boudou, ont dit avoir découvert qu'il y avait en réalité deux "trusts", l'un pour les actifs français du rocker, l'autre pour les actifs non français et semblant avoir vocation à absorber le premier.

Laeticia Hallyday dit en être la bénéficiaire mais ces structures juridiques restent pour une large part mystérieuse.

Les avocats de Laura Smet et David Hallyday ont ainsi demandé que leur soient communiqués avant le 30 mars le nom du ou des administrateurs de ces trusts, un état des actifs qui s'y trouvent déjà ou sont en cours de transfert, ainsi que l'identité du ou des comptes bancaires qui y sont attachés.

"CAPTATION PROGRESSIVE"

Une demande acceptée par le tribunal, qui a ordonné à l'avocat de Laetitia Hallyday de communiquer ces documents.

Selon les avocats de Laura Smet, il y aurait eu au moins sept testaments de 1997 au 3 avril 2014 mais seuls quatre d'entre eux leur ont été communiqués dans un premier temps - "On nous a caché celui du 11 juillet 2014", dit un de ces juristes.

Pour Me Pierre-Olivier Sur, avocat de Laura Smet, "la vertu" de la procédure engagée "est d'avoir permis aux testaments et aux trusts de sortir de l'ombre, de telle sorte que nous avons maintenant la preuve juridique de la fraude à la loi française et de la volonté de captation progressive de la famille Boudou."

La première chambre du TGI de Nanterre devra statuer sur des mesures conservatoires, en attendant de savoir si c'est le droit français ou le droit américain qui s'applique.

Les avocats des deux premiers enfants de Johnny Hallyday demandent que les biens immobiliers de leur père ne soient pas vendus et que ses droits d'auteur soient mis sous séquestre, dans l'attente d'un dénouement de la procédure.

David et Laura demandent aussi un droit de regard sur le dernier disque de leur père, dont il faut encore établir s'il est posthume ou s'il a été finalisé du vivant du chanteur, thèse que défend sa maison de production, Warner Music.

L'avocat de Laeticia Hallyday a accusé la partie adverse de vouloir "asphyxier sa cliente" et la priver de revenus pour la "forcer à céder" et a regretté le report de l'audience.

"Je comptais sur cette audience afin que cesse cette campagne médiatique orchestrée par la partie adverse visant à salir la réputation de Laeticia Hallyday", a déclaré dans un communiqué Me Ardavan Amir-Aslani.

Johnny Hallyday a vendu plus de 110 millions de disques. Son patrimoine comprend la propriété de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) où il a fini ses jours, une villa sur l'île antillaise de Saint-Barthélemy et une maison à Los Angeles, où les filles qu'il a adoptées avec Laeticia, Jade et Joy, sont scolarisées.

Un juriste proche des Hallyday évalue ce patrimoine à au moins 100 millions d'euros. Mais les avocats de ses aînés jugent impossible une évaluation précise à ce stade.

(Edité par Yves Clarisse)