Les autorités chinoises justifient la répression au Xinjiang

Shohrat Zakir, numéro deux du Parti communiste chinois dans la province du Xinjiang. Les autorités chinoises justifient la politique répressive qu'elles mènent contre la communauté ouïghoure dans la province du Xinjiang par la nécessité de combattre "l'extrémisme". /Photo d'archives/REUTERS/Thomas Peter

par Philip Wen et Christian Shepherd

PEKIN (Reuters) - Les autorités chinoises justifient la politique répressive qu'elles mènent contre la communauté ouïghoure dans la province du Xinjiang par la nécessité de combattre "l'extrémisme" et d'empêcher les attaques dans cette région peuplée par une importante communauté musulmane.

Longtemps, le gouvernement chinois a démenti les informations concernant les détentions arbitraires ou les pratiques de "rééducation" politique dénoncées par les Occidentaux et les ONG.

Les arrestations de masse et la surveillance stricte des populations ouïghoure et musulmane sont désormais admises afin "d'éliminer avant qu'elles ne se produisent" des attaques commises par des activistes, a expliqué Shohrat Zakir, numéro deux du Parti communiste chinois dans la province du Xinjiang.

Dans un entretien publié par l'agence Chine nouvelle mardi, Zakir affirme que ces mesures répressives ont empêché depuis 21 mois toute attaque meurtrière dans la région où, selon Pékin, sévissent des islamistes et des séparatistes.

Les "élèves" doivent signer "un engagement éducatif" afin de recevoir "une formation accélérée" et de suivre "des études sur place", explique Shohrat Zakir.

Ces élèves se voient dispenser des leçons de chinois et assistent à des cours sur la Constitution et le droit, ajoute le responsable local sans préciser l'ampleur de cette formation, ni le nombre de personnes qu'elle concerne.

D'autres activités de rééducation concernent la cuisine, l'assemblage de produits électroniques, la coiffure, la couture ou encore le e-commerce.

"Grâce à cette formation professionnelle, la plupart des élèves sont capables de réfléchir à leurs erreurs et de voir clairement l'essence et le côté néfaste du terrorisme et de l'extrémisme religieux", explique-t-il.

"Ils sont mieux à même de distinguer le bien du mal et de résister à l'influence de pensées extrémistes".

Selon les organisations de défense des droits de l'homme et d'anciens détenus, les conditions matérielles dans ces camps sont déplorables en raison des abus physiques et psychologiques qui y sont pratiqués.

Face à cette situation, les autorités chinoises ont mené une campagne pour expliquer en des termes positifs et élogieux la politique qu'elles appliquent au Xinjiang.

Mardi soir, la chaîne publique China Central Television a diffusé un reportage de 20 minutes montrant l'intérieur d'un camp de formation professionnelle dans la ville d'Hotan, dans le sud de la province.

Des dizaines d'élèves vêtus d'uniformes scolaires y étaient présentés assis à leur bureau pour apprendre le chinois et le droit. Sur d'autres images, certains apparaissaient dans un atelier et dans une usine devant des machines à coudre, travaillant à la confection de tapis ou préparant à manger et fabriquant du pain.

"Si je n'avais pas étudié ici, je n'ose pas imaginer qu'elles auraient été les conséquences. J'aurais continué à suivre ces extrémistes religieux sur le chemin du crime", déclarait une jeune femme interrogée sur place.

(Pierre Sérisier pour le service français)