Heurts à Washington lors des manifestations anti-Trump

par David Lawder et Scott Malone WASHINGTON (Reuters) - Des échauffourées se sont produites vendredi à Washington où des militants anti-Trump ont tenté de perturber la cérémonie d'investiture du 45e président des Etats-Unis, brisant des vitrines et affrontant les forces de l'ordre qui ont fait usage de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. Deux policiers ont été blessés et plusieurs véhicules endommagés. En fin d'après-midi, la police de Washington faisait état d'au moins 95 interpellations, mais son chef par intérim, Peter Newsham, a parlé sur CNN d'incidents isolés, assurant que la plupart des manifestations s'étaient déroulées dans le calme. Les fauteurs de troubles ne sont, selon lui, que quelques centaines. Peu avant la prestation de serment et le discours d'investiture de Donald Trump, un demi-millier de militants vêtus de noir, certains le visage masqué, ont manifesté dans le centre de Washington, à un moins de 2,5 km du Capitole où se déroulait la cérémonie. Ils ont détruit les vitrines d'une agence de la Bank of America, d'un restaurant McDonald's et d'une boutique Starbucks, autant de symboles du capitalisme américain, et scandé des slogans anti-Trump. Parmi les pancartes brandies par les manifestants, un panneau détournait le slogan du magnat new-yorkais de l'immobilier "Make America Great Again" (rendre à l'Amérique sa grandeur) en un "Make Racists Afraid Again" (faire peur à nouveau aux racistes). Plusieurs voitures ont été vandalisées sur leur passage et des poubelles renversées. Ils ont été dispersés par la police une heure et demie environ avant que Donald Trump ne soit investi. "Le message que je veux faire passer, c'est que Trump ne représente pas notre pays. Il représente les intérêts des grandes entreprises", a témoigné Jessica Reznicek, 35 ans. Cette militante travaillant dans l'aide sociale était venue spécialement de Des Moines, dans l'Iowa, pour manifester. Elle n'a pas pris part aux violences. "CE TYPE NE RESPECTE PERSONNE" Plus tard dans la journée, tandis que se déroulait la traditionnelle parade le long de Pennsylvania Avenue, menant le nouveau président du Capitole à la Maison blanche, de nouveaux incidents se sont produits à quelques blocs de là. Plusieurs véhicules ont été incendiés, dont un camion d'une chaîne de télévision et une limousine noire. "Trump ne sera pas stoppé par les élites, il sera stoppé par la base, par le peuple insurgé", affirmait Ben Allen, enseignant à la retraite de 69 ans venu de San Francisco. "Nous défendons le droit de chacun dans ce pays, quelle que soit sa nationalité, sa religion ou sa couleur de peau, à être respecté en tant qu'être humain, et ce type ne respecte personne", ajoutait-il. Dès vendredi matin, des membres du groupe d'opposants baptisé "Disrupt J20" (Perturber le 20 janvier) s'étaient heurtés aux forces de l'ordre à l'un des douze points de contrôle donnant accès au National Mall, le parc qui s'étend du Lincoln Memorial au Congrès, où la foule assisté à l'investiture de Donald Trump. Ce collectif, qui coopère avec d'autres mouvements de protestation comme Black Lives Matter, né à la suite de violences policières contre des membres de la communauté noire des Etats-Unis, entend mener ce qu'il qualifie de "résistance" contre le nouveau président, dont il conteste l'élection. Une organisatrice du mouvement, Alli McCracken, a expliqué que ses membres venaient de tous les horizons mais se rassemblaient autour de leur opposition à Donald Trump "et à l'impérialisme US qu'il va perpétuer". "DANGEREUX CLIMAT ANTI-POLICIER" Ailleurs dans Washington, des incidents ont opposé pro- et anti-Trump. Un motard des "Bikers for Trump" a notamment été frappé au visage lors d'une altercation. "Nous pensions qu'il y aurait des manifestations mais nous ne nous attendions pas à de la violence. Nous espérions un transfert absolument pacifique du pouvoir", a commenté Ryan Shiring, lycéen pro-Trump venu de Hartford, dans le Connecticut, pour vivre cette journée. Sur le site internet de la Maison blanche, la nouvelle administration présidentielle a dénoncé un "dangereux climat anti-policier en Amérique". "L'administration Trump va y mettre fin", ajoute-t-elle. Plusieurs responsables démocrates, dont la maire de Washington, Muriel Bowser, ont condamné ces violences. Au total, une trentaine d'associations ont reçu des autorisations pour des rassemblements et des marches avant, pendant et après la prestation de serment de Donald Trump. La police de la capitale fédérale s'était préparée à la présence d'environ 900.000 personnes à Washington, à la fois pour assister à l'investiture mais aussi pour manifester contre un homme dont le style a coupé le pays en deux et dont les annonces politiques nourrissent des inquiétudes. Quelque 28.000 membres des forces de l'ordre avaient été mobilisés, des kilomètres de barrières installés et des points de contrôle et des barrages filtrants dressés pour former un cordon de sécurité de huit kilomètres carrés dans le centre de Washington, transformé en forteresse urbaine. Le plus important rassemblement doit avoir lieu samedi: la Marche des femmes, pour laquelle les organisateurs attendent 200.000 participants. (avec Ian Simpson, David Alexander et Timothy Ahmann; Pierre Sérisier, Gilles Trequesser et Henri-Pierre André pour le service français)