Les "anti-Google" reprennent espoir avec Margrethe Vestager

par Foo Yun Chee

BRUXELLES (Reuters) - Répétition: bien lire Mariniello à l'avant-dernier paragraphe.

Après quatre années d'hésitation de l'Union européenne (UE), Michael Weber, fondateur du site allemand de cartographie Hot-Map.com, n'attendait plus grand chose de sa plainte contre le géant américain Google, mais il reprend confiance avec l'arrivée de la nouvelle commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager.

Au sortir d'un entretien avec l'ex-ministre de l'Economie danoise, l'entrepreneur allemand a dit retrouver l'espoir que l'UE sanctionnera le géant américain de l'internet, qu'il tient pour responsable de ses difficultés.

Arrivée à Bruxelles en novembre, Margrethe Vestager, 46 ans, a hérité de ce dossier sensible laissé par son prédécesseur Joaquin Almunia.

A la suite d'une dizaine de plaintes, Almunia avait ouvert une enquête en 2010 et estimé dans un premier temps que Google avait pu nuire à la concurrence en favorisant ses propres produits et services dans les recherches sur internet et en privant ses annonceurs de la possibilité de transférer leurs campagnes sur des plates-formes rivales.

Depuis lors, Google a soumis trois propositions de règlement, la dernière il y a un peu plus d'un an. Almunia semblait vouloir l'accepter mais a changé d'avis six mois plus tard, laissant au bout du compte la décision à son successeur.

A ce jour, Margrethe Vestager n'a rien laissé filtrer de ses intentions, indiquant seulement qu'elle ne céderait pas à la précipitation. "Je ne pense pas que la priorité devrait être d'aller vite", a-t-elle déclaré à Reuters. "Bien sûr c'est bien d'aller vite, mais c'est encore mieux d'être juste."

Malgré cette prudence affichée, les responsables de plusieurs sociétés plaignantes reçues par la nouvelle commissaire se sont dits plus optimistes.

"Avec Almunia, il n'y avait pas de vrai dialogue. Avec Vestager, c'est différent. Les questions qu'elle nous a posées montrent qu'elle comprend bien les problèmes des plaignants", explique Michael Weber, l'entrepreneur allemand.

Un autre plaignant, qui a demandé à ne pas être nommé, confirme: "La première chose qu'elle nous a dite lorsqu'on l'a rencontrée, c'est qu'elle comprenait le mal qui nous avait été fait."

La Commission européenne n'a pas souhaité faire de commentaire et Google a également refusé de s'exprimer.

L'enjeu est important pour la multinationale américaine qui encourt une amende allant jusqu'à 6,6 milliards de dollars (6,2 milliards d'euros) et risque de devoir modifier sérieusement son fonctionnement si elle est reconnue coupable de pratiques anti-concurrentielles.

La position dominante de Google dans les moteurs de recherche, les publicités en ligne et les systèmes d'exploitation de smartphones lui valent des enquêtes dans plusieurs pays.

Les plaignants contre Google voient aussi un bon signe dans le fait que Vestager les a reçus avant d'entendre le mois dernier le président de Google Eric Schmidt et son directeur juridique Kent Walker.

Pour Wilko van Weert, un juriste du cabinet d'avocats Mc Dermott Will & Emery, il est possible que la commissaire cherche à obtenir un règlement à l'amiable qui oblige Google à fournir davantage d'informations sur ses formules de recherche.

"Etant de culture scandinave où la transparence est quelque chose de très important, je ne serais pas surpris qu'elle exige un maximum de transparence dans la manière dont Google organise et gère ses résultats de recherche", explique-t-il.

Mario Mariniello, ancien économiste aux services de la Concurrence aujourd'hui expert à l'institut Bruegel, croit aussi à un arrangement au bout du compte.

"Je pense que si à un certain stade du processus Google propose des remèdes efficaces en réponse à ses objections, il lui sera difficile de dire non", dit-il.

(Véronique Tison pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)