Les "Amis de la Syrie" se réunissent pour préparer Genève II

par Arshad Mohammed PARIS (Reuters) - La montée en puissance des islamistes radicaux au sein de la rébellion syrienne a renforcé le régime de Bachar al Assad et il sera difficile d'obtenir des concessions de Damas lors de l'éventuelle conférence de paix de Genève, a prévenu lundi un responsable du département d'Etat américain. Le responsable s'exprimait à la veille d'une nouvelle réunion des "Amis de la Syrie", où les pays soutenant la rébellion vont chercher un moyen de convaincre les insurgés modérés de s'asseoir à la table des négociations. Les "Onze de Londres" - Allemagne, Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Jordanie, Qatar et Turquie - vont essayer de préparer le terrain à la tenue fin novembre de la conférence de "Genève II", dans un contexte peu favorable. Les opposants en exil de la Coalition nationale syrienne (CNS), principaux interlocuteurs des "Amis de la Syrie", ont en effet prévenu vendredi qu'ils ne se rendraient en Suisse qu'à la condition expresse que "Bachar al Assad et sa clique au pouvoir ne participent plus à la vie politique en Syrie dans la période de transition et à l'avenir". Le président syrien leur a répondu lundi en déclarant à la chaîne de télévision Al Mayadine qu'il ne voyait pour sa part "aucun obstacle" à ce qu'il brigue un nouveau mandat lors de l'élection présidentielle toujours officiellement prévue en Syrie en 2014. Pour le responsable du département d'Etat, il sera difficile de faire transiger Bachar al Assad, conforté par ses récents succès militaires et par les divisions de plus en plus ouvertes au sein de l'opposition. LES DJIHADISTES AFFAIBLISSENT LES REBELLES Des combats ont opposé ces dernières semaines près de la frontière turque l'Armée syrienne libre (ASL) aux djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), la branche locale d'Al Qaïda, et à leurs alliés syriens du Front Al Nosra. "Selon moi, le plus gros problème est que le régime se sent plus fort en raison des opérations de l'Etat islamique en Irak et au Levant", a déclaré le responsable américain, selon lequel la progression des djihadistes dans le nord du pays a contraint l'ASL à retirer des combattants de la ligne de front avec le régime. "Cela a mis le régime en confiance et il sera d'autant plus difficile de lui arracher des concessions à la table de négociation", a-t-il ajouté sous le sceau de l'anonymat. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a reconnu de son côté que la situation sur le terrain semblait avoir évolué en faveur du régime de Damas depuis l'adoption en 2012 de la déclaration de Genève, qui appelle à la mise en place d'un gouvernement de transition pour mettre fin à une guerre civile qui a fait plus de 100.000 morts et des millions de déplacés. "Peu importe ce qui se passe sur le champ de bataille, l'objectif de Genève II demeure le même, un gouvernement de transition formé par consentement mutuel des deux parties", a-t-il toutefois assuré. Plusieurs responsables internationaux, dont le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Elarabi, ont avancé la date du 23 novembre pour le début de Genève II, date que les Etats-Unis et la Russie, ses deux principaux initiateurs, n'ont pas voulu confirmer. John Kerry s'est par ailleurs interrogé lundi sur le rôle "constructif" que l'Iran pourrait jouer s'il était amené à participer à la conférence, comme Washington, contrairement à Paris, a dit l'envisager. Tangi Salaün pour le service français