Nouvelles aides promises aux agriculteurs en colère

Tracteurs bloquant la rocade de Rennes. Le Premier ministre Manuel Valls a promis mercredi de nouvelles aides nationales aux agriculteurs frappés par la baisse des cours, qui maintiennent une forte pression sur le terrain dans l'attente de mesures européennes de soutien des prix./Photo prise le 17 février 2016/ REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Manuel Valls a promis mercredi de nouvelles aides nationales aux agriculteurs français frappés par la baisse des cours, qui maintiennent une forte pression sur le terrain dans l'attente de mesures européennes de soutien des prix. Les cotisations sociales payées par les agriculteurs baisseront de sept points de façon "immédiate", a-t-il annoncé, estimant cet effort à 500 millions d'euros. Le Premier ministre, qui s'exprimait lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale après avoir reçu des organisations agricoles, a souligné qu'avec la baisse de trois points des cotisations famille en vigueur depuis janvier 2015, la baisse pour les agriculteurs était de dix points. "Depuis le début de la crise, en 2015, c'est une baisse structurelle cumulée de charges personnelles de près de 730 millions d'euros", a-t-il ajouté. Le Premier ministre a précisé que les agriculteurs dont le revenu de l'an dernier avait été "très faible" pourraient bénéficier d'une "année blanche sociale par report automatique d'un an, reconductible dans la limite de trois ans, sans aucune démarche de l'agriculteur, sans pénalité, ni intérêt de retard, de toutes les cotisations 2016". Cette mesure fait suite à l'annonce, mardi, par les enseignes françaises de la grande distribution de leur participation à un fonds de solidarité de 100 millions d'euros en faveur des éleveurs porcins. La France prépare également des propositions qui pourraient déboucher en mars sur des mesures européennes en faveur des éleveurs et a annoncé un étiquetage national de l'origine des produits transformés si l'Europe le refuse. Manuel Valls a demandé à la FNSEA, premier syndicat agricole, d'appeler les agriculteurs à lever les barrages. HEURTS À RENNES Xavier Beulin, le président de la fédération, a appelé les agriculteurs au calme en réservant un accueil positif aux mesures nationales mais il a refusé d'appeler à cesser les mobilisations car il faut encore selon lui que l'Europe agisse et que les négociations commerciales qui s'achèveront le 29 février se traduisent par des prix corrects. "Les paysans à la base n'en peuvent plus, manifestent leur colère. J'appelle néanmoins à un retour au calme, manifestation ne veut pas dire dégradation", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Il a jugé que l'annonce de Manuel Valls sur les cotisations constituait une "avancée significative" pour la compétitivité. "Il y a une vraie prise en compte aujourd'hui que ce handicap de compétitivité, il faut le traiter". Sur le terrain, la mobilisation est restée forte mercredi. Des heurts ont éclaté dans l'après-midi aux abords de la préfecture de Région à Rennes entre forces de l'ordre et agriculteurs, en marge de la manifestation organisée sur la rocade de la ville, a t-on appris auprès de la préfecture. Une soixantaine d'engins se sont rassemblés en début d'après-midi devant la préfecture où ont été déversés divers détritus agricoles auxquels les manifestants ont mis le feu. Des jets de pommes de terre et de gaz lacrymogènes ont été échangés entre forces de l'ordre et manifestants. L'un des manifestants a été interpellé après avoir enfoncé une grille en tentant de pénétrer avec son véhicule dans l'enceinte du bâtiment. Après sa libération, les agriculteurs ont quitté la rocade de Rennes, où étaient rassemblés depuis mercredi matin environ 500 tracteurs venus de tout l'Ouest. A Poitiers, une cinquantaine d'agriculteurs ont occupé mercredi les locaux de la Direction départementale des territoires (DDT) à Poitiers, dans la Vienne. "On va continuer d'occuper les locaux tant que ça ne bougera pas de manière significative", a indiqué à Reuters Michel Caillé, le secrétaire général de la FDSEA de la Vienne. Une centaine d’agriculteurs de la Haute-Garonne ont bloqué mercredi le supermarché Leclerc de Roques-sur-Garonne pour demander une meilleure rémunération de leur travail. (Jean-Baptiste Vey, avec Pierre-Henri Allain à Rennes, Julie Rimbert à Toulouse et Claude Canellas à Bordeaux, édité par Yves Clarisse)