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Les affiches et drapeaux politiques décrochés au Liban

BEYROUTH (Reuters) - Les autorités libanaises ont commencé à décrocher les portraits de responsables politiques ou de combattants qui ornaient de nombreux bâtiments ou lampadaires, après un accord entre les différentes mouvances visant à éviter une contagion du conflit syrien. La capitale Beyrouth est divisée depuis la guerre civile qui y a fait rage entre 1975 et 1990 en quartiers à l'identité forte, où des banderoles et des photos géantes des chefs de guerre et des "martyrs" tombés au combat entretiennent un communautarisme exacerbé. La décision de retirer ces signes politiques a été prise pour tenter de mettre fin à la montée des violences liées au conflit syrien, où le Hezbollah chiite libanais soutient le président Bachar al Assad tandis que la communauté sunnite est davantage favorable aux rebelles. Elle concerne principalement Beyrouth, mais aussi les villes de Saïda et Tripoli, théâtres au cours de l'année écoulée de violents affrontements entre groupes rivaux. Dans les quartiers chiites du sud de la capitale, de plus en plus de photos de combattants tués en Syrie avaient rejoint ces derniers mois celles des victimes des guerres contre Israël, exacerbant les tensions avec les sunnites. "C'est une question sensible de les retirer mais c'est une décision politique", explique un militant du Hezbollah qui tient à rester anonyme. Selon lui, un millier d'affiches ont été décrochées dans son quartier. Seuls sont encore visibles quelques vieux portraits d'Assad et des drapeaux jaunes délavés du "parti de Dieu". Pour Bachir Itani, un responsable du Courant du futur, le mouvement de l'ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri, le changement est perceptible. "Maintenant on peut marcher dans des rues dégagées. Avant, on ne voyait même pas le ciel à cause des banderoles", dit-il. Un portait géant de Saad Hariri, qui a quitté le pays par crainte d'être assassiné comme son père, Rafic, a aussi été décroché dans le quartier majoritairement sunnite de Tariq al Djdidé. La plupart des habitants de Beyrouth interrogés par Reuters ont dit approuver ces initiatives, sans faire d'illusion sur leur impact réel. "Cela ne change rien à ce que les gens pensent", a résumé l'un d'eux. (Oliver Holmes; Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)