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Les actions tiraillées entre pétrole cher et tensions sur l'Iran

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes progressent à mi-séance mercredi et Wall Street est attendue en hausse sur fond de hausse des cours du pétrole après le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, une décision qui ravive les tensions géopolitiques sans provoquer pour l'instant de panique financière, même si les entreprises présentes en Iran souffrent.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,02% à 5.522,89 points à 10h40 GMT. À Francfort, le Dax prend 0,14% et à Londres, le FTSE 100 avance de 0,59%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en hausse de 0,37%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,26% et le Stoxx 600 de 0,25%.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,3% à 0,5% après la clôture quasi inchangée de la veille.

En Europe, comme aux Etats-Unis mardi, c'est le secteur de l'énergie qui tire les marchés actions à la hausse: l'indice Stoxx européen du pétrole et du gaz prend 1,87% et dans son sillage, celui des matières premières avance de 0,81%.

TechnipFMC (+2,97%) est en tête du CAC 40, Total s'adjuge 1,14%, Eni gagne 2,46% et Statoil 2,45%.

Sur le marché pétrolier, le Brent et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) gagnent autour de 2%, au plus haut depuis trois ans et demi.

Au-delà de l'abandon de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, Donald Trump a promis de rétablir des sanctions économiques contre Téhéran qui devraient réduire les exportations de brut de Téhéran et les investissements de son secteur pétrolier, tout en alimentant les tensions au Moyen-Orient.

Ce facteur l'emporte largement sur les autres retombées possibles de la décision du président américain, même si elle suscite des inquiétudes pour les entreprises présentes en Iran ou qui ont signé d'importants contrats avec la République islamique depuis 2015.

LES RÉSULTATS DE SIEMENS ET AB INBEV SALUÉS

Parmi les plus fortes baisses du CAC figurent ainsi l'avionneur Airbus (-0,93%) et les constructeurs automobiles PSA (-1,38%) et Renault (-0,74%).

Le dossier iranien n'est pas pour autant considéré à ce stade comme un risque majeur pour les actions, qui avaient largement anticipé le choix de Donald Trump.

"Les marchés actions peuvent supporter une hausse modeste des cours du pétrole", estime ainsi Mark Haefele, le directeur des investissements d'UBS. "Le coup de pouce aux compagnies pétrolières, qui représentent 7% de l'indice MSCI All Country, devrait contribuer à amortir l'impact de la hausse des coûts pour les autres entreprises et les effets négatifs sur le revenu disponible des ménages liés à la hausse des prix des carburants."

"Si nous continuons de surveiller l'évolution des risques, nous pensons que les actions peuvent continuer à aller de l'avant à moyen terme, soutenues par la vigueur de l'économie mondiale et la croissance des bénéfices."

Au-delà du dossier iranien, la cote reste en effet animée par les résultats de sociétés: Siemens bondit ainsi de 4,46% après le relèvement de sa prévision de bénéfice par action annuel.

Le conglomérat allemand enregistre la meilleure performance de l'EuroStoxx 50 devant le brasseur AB InBev (+2,96%) qui a fait état d'un premier trimestre meilleur qu'attendu et dit tabler pour les prochains mois sur une croissance soutenue en Amérique latine ainsi que sur un effet positif de la Coupe du monde de football sur ses ventes.

NOUVELLES TENSIONS SUR LES ÉMERGENTS

Dans l'actualité des fusions-acquisitions, Vodafone gagne 1,23%, le marché saluant le rachat pour 18,4 milliards d'euros d'une partie des activités européennes de l'américain Liberty Global.

A la baisse, Suez chute de 9,56% et efface ses gains de la veille, que des intervenants ont expliqué par une erreur d'ordre.

Burberry (-5,31%) souffre de son côté de l'annonce par Groupe Bruxelles Lambert de la vente de sa participation de 6,6%.

Sur le marché obligataire, le rendez-vous du jour est la publication, à 12h30 GMT, des chiffres mensuels des prix à la production aux Etats-Unis, avant ceux des prix à la consommation, jeudi, qui pourraient alimenter le débat sur l'évolution des taux de la Réserve fédérale.

Le rendement à dix ans américain a de nouveau repassé la barre symbolique des 3%, creusant l'écart avec le dix ans allemand, qui évolue sous 0,58%.

L'évolution des taux au jour le jour Eonia et des taux "forward" montre que les investisseurs ont revu à la baisse les anticipations d'évolution des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE): selon des analystes le marché n'anticipe désormais qu'un relèvement de dix points de base du taux de dépôt de la BCE, actuellement à -0,4%, d'ici juin 2019, alors que la Fed devrait relever le taux des Fed funds d'au moins trois quarts de point d'ici fin 2018.

La vigueur du dollar et la remontée des rendements des emprunts d'Etat continue de mettre en difficulté plusieurs pays émergents: l'Argentine, qui a déjà porté son taux d'intérêt directeur à 40% pour tenter d'endiguer la chute du peso, a demandé mardi l'aide du Fonds monétaire international (FMI), dans l'espoir d'obtenir au moins 30 milliards de dollars de financements.

La livre turque a quant à elle inscrit en début de journée un nouveau plus bas historique face au dollar après sept séances consécutives de lourdes pertes, ce qui a conduit sa banque centrale à injecter des liquidités dans le système financier.

L'indice MSCI des principales devises émergentes évolue au plus bas de l'année.

Le dollar américain affiche pour sa part une hausse de 0,01% face à un panier de devises de référence après avoir inscrit son plus haut niveau depuis le 22 décembre dernier. L'euro, lui, amplifie son repli puisqu'il est tombé à 1,1823 dollar, portant à plus de 4% sa baisse depuis la mi-avril face au billet vert.

(Édité par Patrick Vignal)