Les actions souffrent et l'euro flambe avant la BCE

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini mercredi nettement dans le rouge, pénalisées par la vigueur de l'euro sur fond de chute du dollar à la veille de la première réunion monétaire de l'année de la Banque centrale européenne (BCE).

L'euro a atteint pendant la séance 1,24 dollar, pour la première fois depuis décembre 2014, soutenu par la chute du billet vert après le ton protectionniste adopté par de hauts responsables de l'administration Trump à l'occasion du Forum économique de Davos.

La vigueur de l'euro est considérée comme un frein à la volonté de resserrement de la BCE, qui devrait annoncer jeudi qu'elle poursuit ses rachats d'actifs au moins jusqu'en septembre. Les marchés ne s'attendent pas à ce qu'elle relève ses taux avant mi-2019.

Du côté des Bourses en Europe, le CAC 40 a perdu 0,72% à 5.495,16 points. Le Footsie britannique, sanctionné pour sa part par une forte hausse de la livre sterling, a cédé 1,14% et le Dax allemand a abandonné 1,07%.

L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,79%, le FTSEurofirst 300 0,33% et le Stoxx 600 0,5%.

La plupart des indices sectoriels ont terminé en repli, notamment le compartiment technologique, qui a cédé 1,66% avec, à Paris, un recul de 6,28% pour STMicroelectronics après des commentaires négatifs de JPMorgan qui prévoit un ralentissement des commandes d'Apple auprès de ses fournisseurs pour l'iPhone X. AMS (-9%) a également été sanctionné après cette note.

Côté actions, le fait du jour est la chute spectaculaire de Suez, qui a plongé de 16,77% après un avertissement sur ses résultats, sanctionné par plusieurs abaissements de recommandation.

Le titre du groupe français de services aux collectivités a vécu ainsi la pire séance de son histoire boursière et plombé l'indice Stoxx du secteur, qui a abandonné 1,41%.

LE DOLLAR POURSUIT SA CHUTE

Sur le marché des changes, l'euro a pris jusqu'à plus de 0,8% face au dollar, qui a cédé pour sa part jusqu'à près de 1% face à un panier de devises référence.

La monnaie unique européenne a été soutenue par de bonnes nouvelles sur la santé du secteur privé dans la zone euro ainsi que par les propos du secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, pour qui la baisse du billet vert est une bonne chose pour le commerce américain.

Plusieurs hauts responsables de l'administration Trump ont rejeté mercredi à Davos l'idée que la politique de l'"America First" défendue par le président américain soit nuisible à la mondialisation et au commerce mondial.

Les achats d'actifs de la BCE n'ont pas eu d'impact "statistiquement significatif" sur le taux de change de l'euro et les variations de devises ne sont que de simples effets secondaires, pas l'objectif, de cette politique, a déclaré mercredi Mario Draghi, le président de l'institution de Francfort, en échauffement pour sa conférence de presse de jeudi.

L'euro a pris plus de 14% face au dollar en 2017 et encore plus de 3% depuis le début de l'année.

L'or profite quant à lui de la faiblesse du dollar et se traite à plus de 1.350 dollars l'once pour la première fois depuis début septembre.

Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d'Etat restent orientés à la hausse, à 0,59% pour le dix ans allemand contre 0,562% mardi en clôture.

Sur le front du pétrole, le baril de brut léger américain (WTI) a franchi brièvement 65 dollars après l'annonce d'une diminution des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

Le Brent de mer du Nord recule pour sa part légèrement, autour de 69,70 dollars.

A l'heure de la fermeture en Europe, le Dow Jones (+0,21%), porté par les valeurs financières, se dirige vers un record de clôture. Le S&P 500 est quasiment inchangé et le Nasdaq cède 0,56% avec notamment un recul de plus de 1% pour Apple.

(édité par Wilfrid Exbrayat)