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Les actions européennes montent mais Wall Street cale

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses de la zone euro, Paris en tête, ont terminé en hausse jeudi, profitant de la progression des valeurs du luxe dans le sillage de LVMH et de celles du transport aérien après le report du Brexit, mais Wall Street peine à leur emboîter le pas, le sentiment de marché restant dominé par les craintes sur la croissance et les tensions commerciales.

À Paris, le CAC 40 a fini la séance sur une progression de 0,66% (35,84 points) à 5.485,72 points après avoir atteint, à 5.498,89, son plus haut niveau depuis le 3 octobre. A Francfort, le Dax a pris 0,25%.

L'indice EuroStoxx 50 affiche sur la journée une hausse de 0,31%, le FTSEurofirst 300 de 0,14% et le Stoxx 600 de 0,06%.

A Londres, le FTSE 100 a abandonné 0,05%.

Si le report du Brexit, peut-être jusqu'au 31 octobre, décidé dans la nuit de mercredi à jeudi au Conseil européen à Bruxelles, a provisoirement rassuré une partie des investisseurs, ce facteur ne suffit pas à leur faire oublier la dégradation des perspectives de croissance et le ton très prudent adopté par la Réserve fédérale américaine comme par la Banque centrale européenne (BCE).

Les déclarations à Washington (où se tiennent les réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale) du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, ont été un peu plus optimistes puisqu'il a exclu une récession dans la zone euro et assuré que la BCE resterait accommodante aussi longtemps que nécessaire.

"Cela a soutenu le sentiment général car cela montre que l'institution est disposée à soutenir la région", note David Madden, analyste de CMC Markets.

VALEURS

En hausse de 4,61%, LVMH affiche la meilleure performance de l'EuroStoxx 50 et a inscrit un plus haut historique au lendemain de l'annonce d'une croissance organique de 11% de son chiffre d'affaires au premier trimestre. Dans son sillage, Kering a pris 2,23% et Hermès 0,58%.

Autre moteur de la hausse du CAC, Sodexo s'est adjugé 2,86% après des résultats semestriels supérieurs aux attentes et la confirmation de ses objectifs.

La perspective d'un report de six mois de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne a par ailleurs profité au secteur du transport aérien et du tourisme: Easyjet a pris 8,38%, IAG 5,9%, Ryanair 5,1% et Air France-KLM 3,11%.

Le tour-opérateur TUI a pris 8,27%, la meilleure performance de son histoire boursière.

A la baisse, le compartiment des ressources de base a souffert du repli des cours des métaux de base et du pétrole: l'indice Stoxx des ressources de base a cédé 1,43% et celui du pétrole et du gaz 0,67%.

Lanterne rouge du Stoxx 600, le groupe italien de câbles de télécommunications Prysmian a chuté de 8,19% après avoir annoncé devoir réviser ses résultats 2018.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street, longtemps hésitante, évoluait dans le rouge, le Dow Jones cédant 0,23%, le Standard & Poor's 500 0,13% et le Nasdaq Composite 0,06%.

La hausse des valeurs financières (+0,24%) à la veille des premières publications trimestrielles de poids lourds du secteur ne suffit pas à entraîner l'ensemble des valeurs américaines. Le secteur de la santé, notamment, évolue en net repli (-1,04%).

LES INDICATEURS DU JOUR

Aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage ont baissé la semaine dernière pour tomber à leur plus bas niveau depuis 1969 alors que le consensus Reuters les donnait en hausse.

Les prix à la production sont par ailleurs ressortis en hausse de 0,6% sur un mois et de 2,2% sur un an, donc supérieure aux attentes, mais l'inflation de base reste contenue (+0,1% sur un mois et +2,0% sur un an).

Dans la zone euro, les chiffres définitifs des prix à la consommation en Allemagne et en France ont confirmé la modération de l'inflation, qui reste loin de l'objectif de la BCE.

CHANGES

Atone avant la publication des indicateurs américains du jour, le dollar est ensuite reparti de l'avant et s'apprécie de 0,14% face à un panier de devises de référence.

L'euro est repassé sous le seuil de 1,1270 dollar après un pic à 1,1290 en tout début de journée en Asie.

"On assiste à un retour sur le dollar avec la dissipation des anticipations d'une baisse de taux dans le courant de l'année", explique Karl Schamotta, directeur de la stratégie devises et des produits structurés chez Cambridge Global Payments.

La livre sterling, elle, n'a pas profité du délai supplémentaire accordé à Londres pour sortir de l'impasse du Brexit: elle baisse face au dollar et à l'euro.

Le risque d'une démission de la Première ministre britannique, Theresa May, celui d'élections anticipées et bien sûr celui d'un impact défavorable sur l'économie britannique restent présents, notent des cambistes.

TAUX

Les indicateurs américains ont permis aux rendements des titres du Trésor de retrouver le chemin de la hausse: le dix ans prend près de deux points de base à 2,4952%.

Celui du Bund allemand à dix ans, proche de -0,03% en matinée, en a profité pour remonter vers zéro sans parvenir cependant à repasser en territoire positif.

PÉTROLE

Les cours du brut confirment leur repli après la forte hausse favorisée mercredi par l'annonce d'une diminution marquée des stocks d'essence aux Etats-Unis.

Le repli est favorisé entre autres par les informations de Reuters selon lesquelles l'Opep pourrait augmenter sa production à partir de juillet si l'offre du Venezuela et celle de l'Iran continuent de baisser et si les cours continuent de monter.

Le Brent est revenu sous 71,40 dollars et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) sous 64 dollars.

A SUIVRE VENDREDI:

La dernière séance de la semaine sera animée entre autres par les chiffres mensuels de la balance commerciale chinoise, à surveiller dans le contexte des tensions commerciales avec les Etats-Unis, en attendant les résultats des banques américaines JPMorgan Chase et Wells Fargo, qui ouvrent pour de bon la période des publications trimestrielles aux Etats-Unis.

(Avec Kate Duguid à New York; édité par Wilfrid Exbrayat)