Incidents en RDC après l'échec d'une médiation de l'Eglise

KINSHASA (Reuters) - Des incidents isolés ont éclaté mardi à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), après l'annonce du retrait de la conférence épiscopale d'une médiation entre le gouvernement et l'opposition. La RDC se trouve dans une impasse politique depuis le 19 décembre, date à laquelle le président Joseph Kabila a achevé son mandat mais a décidé de se maintenir au pouvoir. L'Eglise s'était chargée de faciliter la mise en oeuvre d'un accord de transition entre pouvoir et opposition. Des manifestants ont brûlé des pneus à certains carrefours de la ville et en ont occupé plusieurs artères. La police a tiré en l'air et dispersé à l'aide de gaz lacrymogène plusieurs centaines de personnes qui s'étaient réunies devant le domicile de l'ancien opposant historique Etienne Tshisekedi, mort le 1er février dernier à 84 ans. Un journaliste de Reuters a constaté que de nombreux commerces sont restés fermés. Certaines écoles ont demandé aux parents de venir récupérer leurs enfants. La principale formation d'opposition, l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), fondée par Etienne Tshisekedi et aujourd'hui dirigée par son fils Felix, a appelé à une "grande marche pacifique sur toute l’étendue de la république et dans la diaspora" le 10 avril. L'UDPS entend dénoncer "la présidence à vie programmée par (Joseph) Kabila" et la non-application de l'accord conclu le 31 décembre entre Kinshasa et l'opposition. Les évêques de RDC avaient contribué à la conclusion de cet accord destiné à préparer la tenue d'une élection présidentielle cette année. "Nous pensons qu'il n'y a plus rien à faire", a commenté Donatien Nshole, secrétaire de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). "Nous y avons consacré tout notre temps et toute notre énergie au détriment de notre travail paroissial", a-t-il ajouté. L'élection présidentielle a été repoussée officiellement en raison de difficultés logistiques et financières, et la Cour constitutionnelle a validé la décision de Joseph Kabila. L'opposition congolaise est fragilisée depuis le décès d'Etienne Tshisekedi, qui devait présider un conseil de transition chargé de veiller à ce que Joseph Kabila quitte effectivement ses fonctions avant la fin de l'année. La formation de ce conseil avait été approuvée dans l'accord conclu le 31 décembre sous l'égide de l'Eglise catholique. La France a rappelé "l'importance (...) de la mise en œuvre effective de l'accord du 31 décembre, qui constitue la seule feuille de route pour une sortie pacifique de la crise en RDC". Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, rappelle dans un communiqué que ces engagements "incluent la nomination urgente d'un Premier ministre de transition, conformément aux termes de l'accord du 31 décembre". (Aaron Ross, William Clowes et Amédée Mwarabu, Pierre Sérisier, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Gilles Trequesser)