Les éoliennes au large de Courseulles-sur-Mer contestées

Le rapporteur public a préconisé vendredi à la cour administrative d'appel de Nantes de rejeter les recours déposés par huit associations contre le parc éolien off-shore de Courseulles-sur-Mer (Calvados), qui doit voir le jour à une dizaine de kilomètres au large de la côte normande. /Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau

par Guillaume Frouin NANTES (Reuters) - Le rapporteur public a préconisé vendredi à la cour administrative d'appel de Nantes de rejeter les recours déposés par huit associations contre le parc éolien off-shore de Courseulles-sur-Mer (Calvados), qui doit voir le jour à une dizaine de kilomètres au large de la côte normande. Le projet est mené par Eoliennes offshore du Calvados (EOC), un consortium d'entreprises piloté par EDF-Energies nouvelles (EDF-EN), qui a déjà obtenu gain de cause ces derniers mois devant la même juridiction pour ses projets éoliens au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Fécamp (Seine-Maritime). Ses 75 éoliennes - qui seront implantées sur une surface de 50 km2 - doivent produire à terme l'équivalent de la consommation électrique de 630.000 personnes. Les associations d'opposants maintiennent toutefois que le modèle d'éoliennes retenu par EOC n'a "pas été validé en milieu hostile", et que les chutes éventuelles de pales pourraient présenter "des risques de collision" pour les pêcheurs normands. Toutes redoutent encore les "effets cumulés" des différents parcs éoliens off-shore européens sur l'environnement, alors que "l'état physico-chimique de la baie de Seine" est déjà "dégradé". Un "effet barrière atmosphérique" pourrait également provoquer "une brume permanente l'été sur les plages de Courseulles-sur-Mer", assurent les associations, en invoquant un précédent similaire "au Danemark". "NOMBREUSES MINES" Le périmètre de l'étude d'impact serait aussi "incohérent", selon les opposants aux éoliennes, dans la mesure où il n'aurait pas tenu compte des vestiges du port artificiel d'Arromanches, installation stratégique lors du Débarquement en 1944. Les éoliennes risquent d'ailleurs de "rencontrer des munitions non explosées lors de la Seconde guerre mondiale", soutient leur avocat, dans la mesure où "de très nombreuses mines et bombes" tapissent encore les fonds marins normands. "Nous n'avons pas d'éléments dans l'étude d'impact pour démontrer que ce point a été étudié avec suffisamment de soin par le pétitionnaire", a insisté lors de l'audience Me Francis Monamy. L'avocat craint également que le projet ne mette en péril celui de classement des plages du Débarquement au Patrimoine mondial de l'humanité. "On sait que l'Unesco est extrêmement exigeante sur l'authenticité des lieux", a insisté Me Francis Monamy. "Elle a d'ailleurs déjà menacé de supprimer la protection autour du Mont-Saint-Michel si l'envahissement des éoliennes n'était pas stoppé", a-t-il affirmé. Le rapporteur public, dont les avis sont souvent suivis par les juges, a toutefois rejeté un à un tous leurs arguments. La cour administrative d'appel de Nantes, qui a mis son jugement en délibéré, rendra son arrêt sous trois semaines. Pour rappel, la juridiction a été désignée par le gouvernement pour statuer en premier et dernier ressort sur ces dossiers politiquement sensibles, afin qu'ils ne prennent pas davantage de retard. (Edité par Sophie Louet)