Les élections britanniques peuvent réduire le risque Brexit, selon S&P

LONDRES (Reuters) - Standard & Poor's a estimé vendredi que la décision de Theresa May, la Première ministre britannique, de convoquer des élections législatives anticipées pourrait augmenter ses chances de conclure un accord plus favorable sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, tout en soulignant les risques de résultats inattendus à l'issue du scrutin du 8 juin. Pour S&P, une majorité conservatrice renforcée à l'issue de ces élections pourrait donner à Theresa May une marge de manoeuvre accrue pour négocier avec l'UE un accord "viable" sur le Brexit. Et donc réduire le risque d'une "chute de la falaise", c'est à dire d'une sortie abrupte de l'UE sans accord de transition, le scénario le plus risqué pour l'économie britannique. "Toutefois, il y a des risques entourant à la fois les élections - par exemple, si les électeurs votent en fonction du Brexit et non en fonction des clivages partisans traditionnels - et les négociations du Brexit", poursuit l'agence de notation dans un communiqué. S&P a confirmé la note souveraine AA du Royaume-Uni mais celle-ci reste assortie d'une perspective négative, ce qui implique la possibilité d'un abaissement à moyen terme. L'agence juge que le choix des Britanniques de quitter l'Union européenne implique "un risque accru" sur la capacité du pays à répondre à ses importants besoins de financement, notant que les besoins de financement extérieurs du Royaume-Uni sont les plus importants des 131 pays qu'elle note. "En dépit de notre prévision d'une légère réduction du déficit des comptes courants, nous considérons toujours les déficits extérieurs élevés du Royaume-Uni comme un facteur de vulnérabilité et nous voyons dans la sortie de l'UE un risque pour les sources de financement", explique l'agence. "Nous pensons en outre que le Brexit continuera de créer des problèmes politiques et constitutionnels difficiles pour ce qui est de l'unité du Royaume-Uni, notamment s'il aboutit à un deuxième référendum sur l'indépendance écossaise ou s'il accroît les tensions autour de l'Irlande du Nord", dit-elle. S&P avait abaissé la note souveraine britannique de AAA - l'échelon le plus élevé de son barème - de deux crans à AA peu après le référendum de juin dernier, en estimant que la capacité du pays à mener des politiques efficaces et stables avait diminué. L'agence prévoit pour le Royaume-Uni une croissance économique de 1,4% en moyenne sur la période 2017-2020, alors qu'elle tablait avant le référendum sur un rythme de 2,1% sur 2017-2019. Ces prévisions seraient révisées s'il devenait évident que la Grande-Bretagne s'achemine vers une sortie brutale de l'UE, sans accord de transition, précise-t-elle. (William Schomberg; Wilfrid Exbrayat et Marc Angrand pour le service français)