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L'ennemi public n°1 du Pakistan est un fan de volley-ball

par Saud Mehsud DERA ISMAIL KHAN, Pakistan (Reuters) - Le nouvel ennemi public numéro un du Pakistan est un homme de 36 ans, père de trois enfants et grand fan de volley-ball surnommé par ses proches "le mince". Son nom est Umar Mansoor et selon les taliban pakistanais, c'est lui qui a organisé l'attaque contre une école de l'armée à Peshawar, où 132 enfants et neuf enseignants ont été massacrés mardi par un commando islamiste. Une vidéo mise en ligne jeudi sur un site internet utilisé par le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) montre un homme portant une barbe fournie et brandissant un doigt vindicatif pendant qu'il justifie cette attaque, la plus meurtrière de l'histoire du pays. "Si nos femmes et enfants meurent en martyrs, vos enfants ne seront pas épargnés. Nous nous battrons contre vous de la même manière que vous nous attaquez et nous vengerons nos victimes innocentes", dit l'homme présenté comme Umar Mansoor, "émir" de Peshawar et de la ville voisine de Darra Adam Khel, à la porte des zones tribales du nord-ouest du pays. Six taliban pakistanais interrogés par Reuters ont confirmé que ce père de famille est bien le "cerveau" du massacre de l'école de Peshawar. Selon quatre d'entre eux, il est proche de Mullah Fazlullah, l'"émir" du TTP qui a ordonné l'assassinat - manqué en 2012 - de l'écolière et militante des droits des enfants Malala Yousafzai, récompensée cette année par le prix Nobel de la paix. Comme son chef, Umar Mansoor est farouchement hostile à toute négociation de paix avec le gouvernement pakistanais, disent-ils. "Il applique à la lettre les principes du djihad", témoigne l'un d'eux. "Il est très strict sur les principes mais très doux avec ses subalternes. Il est très apprécié pour son courage et son audace." D'après deux taliban, Umar Mansoor a reçu une éducation supérieure dans la capitale Islamabad avant d'entrer dans une madrassa, une école religieuse. Après avoir travaillé avec ses deux frères comme manoeuvre à Karachi, le grand port du sud du Pakistan, il a rejoint les rangs des taliban pakistanais peu après leur formation, fin 2007, précise un de leurs commandants. D'autres membres du mouvement fondamentaliste précisent que son surnom est "nary", un mot pachtoune qui signifie "mince", et qu'il a deux filles et un fils. "Il adore jouer au volley-ball", raconte l'un d'eux. "C'est un très bon joueur. A chaque fois qu'il s'installe quelque part, il monte un filet de volley." (Tangi Salaün pour le service français)