L'encyclique très politique du pape François

Le pape François à Rome, le 4 octobre
Le pape François à Rome, le 4 octobre

François d'Assise fut l'un des plus grands êtres mystiques, rayonnants, solaires de son temps, dont les intuitions géniales bouleversèrent le Moyen Âge et eurent des retentissements jusqu'à notre époque. Mais il se montra aussi habile politique, visionnaire, prophétique, maîtrisant la parole et l'art de la mise en scène. Situant son pontificat dans cet héritage, dans ses interventions publiques, le pape François se place tant sur le champ spirituel que sur le terrain politique. Son prédécesseur Benoît XVI, grand intellectuel, est un théologien reconnu ; François, lui, embrasse les réalités de son siècle tourmenté. Ses encycliques sont donc à considérer comme des documents davantage politiques que mystiques. Avec « Laudato si », en 2015, il fut l'un des premiers à s'emparer du thème de l'écologie, dans un texte foisonnant, à la fois technique et humain, qui reste une référence, bien au-delà des cercles catholiques. Dans cette nouvelle encyclique, dénommée encore d'une expression du « poverello » d'Assise, « Fratelli tutti », et publiée en France sous l'égide de la Conférence des évêques de France par les éditions du Cerf, Bayard et Mame, il met sur la place publique (mondiale) un nouveau sujet : la fraternité.

François avait commencé la rédaction de ce texte de plus de 200 pages denses avant que n'éclate l'épidémie de Covid-19, la pandémie n'a fait que confirmer ses intuitions et, souligne le pape, « a mis à nu nos fausses certitudes ». « Au-delà des diverse [...] Lire la suite