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L'EI veut tirer les leçons du raid fatal à Abou Sayyaf, en Syrie

Combattant du groupe Etat islamique. Le groupe de djihadistes est persuadé qu'un espion infiltré dans ses rangs a permis le raid des forces spéciales américaines samedi dernier dans l'est de la Syrie, au cours duquel trois membres importants de l'organisation ont été tués. /Photo d'archives/REUTERS

par Mariam Karouny BEYROUTH (Reuters) - Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) sont persuadés qu'un espion infiltré dans leurs rangs a permis le raid des forces spéciales américaines samedi dernier dans l'est de la Syrie, au cours duquel trois membres importants de l'EI ont été tués. Selon des sources interrogées par Reuters, le groupe djihadiste a pu "encaisser le coup" et a juré de trouver et de punir le coupable. L'EI a aussi décidé de renforcer ses procédures de recrutement afin d'éviter l'infiltration de "taupes" et envisage de créer une unité spéciale chargée de prévenir de telles attaques à l'avenir. "C'est une grande leçon pour nous. Il ne faut jamais sous-estimer ses ennemis, quels qu'ils soient", a dit l'un des combattants de l'EI en Syrie, joint par Reuters via internet. Durant le raid du commando héliporté des forces spéciales américaines dans la province de Daïr az Zour, aux premières heures de samedi, le Tunisien Abou Sayyaf, responsable présumé de la supervision des opérations financières de l'EI, a été tué. Deux autres dirigeants islamistes ont également été abattus: Abou Taïm, un Saoudien probablement chargé des activités pétrolières dans la région, et Abou Mariam, qui s'occupait des communications du groupe. Deux frères d'Abou Sayyaf ont été blessés dans l'attaque et sa femme a été capturée et emmenée en Irak. "Tout cela n'a été possible que grâce à des espions. Quelqu'un parmi nous a aidé les Américains", a affirmé un autre combattant djihadiste en Syrie. PEU DE GARDES "Ils savaient parfaitement où aller et à quel moment y aller... Ils se sont dirigés vers le bâtiment où se trouvaient Abou Sayyaf et sa famille. A ce moment-là, il n'y avait pas beaucoup de gardes sur place, ils avaient été envoyés au front." Le complexe où résidaient Abou Sayyaf et les siens comprend une cinquantaine de bâtiments, de quatre étages chacun. Ces bâtiments ont été construits par le gouvernement syrien pour accueillir les familles des employés et des ingénieurs du complexe gazier et pétrolier d'Al Omar, tout proche. Quand l'EI a pris le contrôle de la région l'an dernier, seuls quelques dizaines d'employés sont restés sur place, suffisamment pour faire fonctionner les installations. Les autres ont été tués ou chassés. "L'EI est en train de prendre de nouvelles mesures. On va notamment renforcer les conditions d'engagement. Les nouveaux volontaires devront avoir des recommandations", a expliqué un djihadiste. Abou Sayyaf a été remplacé dans la hiérarchie du mouvement et sa mort n'a apparemment pas eu de conséquence sur les activités du groupe. "Nous sommes ici pour donner notre vie, pour devenir des martyrs. Même notre calife (Abou Bakr al Baghdadi) pourrait devenir un jour un martyr. Si cela se produit, l'EI ne s'effondrera pas", dit un autre combattant. (Guy Kerivel pour le service français)