L'Etat islamique contrôle une partie de la ville de Palmyre

Vestiges de la cité antique de Palmyre, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, à environ 240 km au nord-est de Damas. Les combattants de l'État islamique se sont emparés d'environ un tiers de la cité antique de Palmyre, en Syrie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). /Photo d'archives/REUTERS/Khaled al-Hariri

par Sylvia Westall et Tom Perry BEYROUTH (Reuters) - Les combattants de l'Etat islamique (EI) se sont emparés mercredi lors de violents combats d'une partie de la ville de Palmyre, voisine du plus célèbre site archéologique de Syrie. La télévision officielle syrienne a rapporté que des groupes importants de djihadistes s'étaient "infiltrés" dans la ville, où les miliciens pro-gouvernementaux s'opposent à leur avance. L'évacuation de la population civile, organisée par les miliciens, est en cours, ajoute la télévision. Auparavant, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait indiqué que l'EI contrôlait un tiers de la ville, connue sous le nom de Tadmour en arabe. Les djihadistes sunnites étaient entrés sur le site classé au patrimoine mondial de l'Unesco le week-end dernier, avant d'être repoussés par les forces gouvernementales. Palmyre est située à 240 kilomètres au nord-est de Damas et stratégiquement placée à la jonction de routes menant l'une à la grande ville de Homs, l'autre à la capitale. Le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdoulkarim, a lancé un appel à la préservation de la cité antique et de ses monuments. Il a précisé que des centaines de statues avaient déjà été mises à l'abri et a demandé à l'armée syrienne, à l'opposition et à la communauté internationale de sauver le site. "Les nouvelles sont très mauvaises, (...), il y a de très violents combats", a-t-il dit à Reuters. "Nos craintes concernent désormais le musée et les grands monuments qui ne peuvent être déplacés." APPEL DE L'UNESCO A Paris, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a appelé à une cessation immédiate des hostilités à Palmyre où les combats menacent "l'un des sites les plus significatifs du Moyen-Orient et la population civile qui s'y trouve". "J'appelle la communauté internationale à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la population civile concernée et sauvegarder le patrimoine culturel unique de Palmyre", écrit-elle dans un communiqué. "Il est impératif que toutes les parties en présence respectent les obligations internationales pour protéger le patrimoine culturel pendant le conflit en évitant de le prendre pour cible directe ou de l'utiliser à des fins militaires." Selon l'OSDH, une ONG basée à Londres, les deux camps échangent des tirs d'artillerie dans la ville et l'armée de l'air syrienne pilonne les positions de l'Etat islamique. Des combattants de l'organisation djihadiste ont publié sur Twitter des photos d'hommes armés dans des rues qu'ils situent à Palmyre. Plus au nord-est, les forces kurdes appuyées par des frappes aériennes de la coalition conduite par les Etats-Unis ont tué au moins 170 membres de l'EI, selon des chiffres donnés par l'OSDH et par un responsable kurde. Ce dernier a déclaré que des combattants du YPG et des milices qui lui sont alliées, ont encerclé les djihadistes sunnites dans une douzaine de villages près de Tel Tamr, dans la province de Hassaké. (Avec Marine Pennetier à Paris; Nicolas Delame et Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)