La France frappée par des attentats sans précédent

Hommage aux victimes près du lieu d'une attaque, à Paris. L'Etat islamique a revendiqué samedi les attentats sans précédent qui ont frappé vendredi soir la France, où 128 personnes au moins ont trouvé la mort dans une série d'attaques menées par des hommes armés et munis d'explosifs. /Photo prise le 14 novembre 2015/REUTERS/Christian Hartmann

PARIS (Reuters) - L'Etat islamique a revendiqué samedi les attentats sans précédent qui ont frappé vendredi soir la France, où 128 personnes au moins ont trouvé la mort dans une série d'attaques menées par des hommes armés et munis d'explosifs. François Hollande a décrété l'état d'urgence dans tout le pays pour la première fois depuis 1961, renforcé la sécurité dans les rues et aux frontières, et décrété un deuil national de trois jours face à cet "acte de guerre" commis dix mois après les attentats djihadistes de janvier dernier. "C'est un acte de guerre qui a été préparé, organisé planifié de l'extérieur et avec des complicités intérieures que l'enquête permettra d'établir", a-t-il déclaré à l'issue d'un conseil de défense convoqué samedi matin à l'Elysée. Le bilan provisoire est de 128 personnes tuées et 99 blessés dans un état critique dans les six attaques menées aux abords du Stade de France, où trois kamikazes se sont fait exploser en marge du match de football amical entre la France et l'Allemagne, et dans le centre de Paris, où des tireurs ont mitraillé des terrasses et pénétré dans la salle de concert du Bataclan. Les auteurs de ces attaques auraient, selon des sources judiciaires et gouvernementales, tous trouvé la mort vendredi soir et le lien avec les frappes françaises en Syrie tout comme avec l'islam radical semble évident. Selon des sources proches de l'enquête, un passeport syrien a été retrouvé près du corps d'un des trois kamikazes qui se sont fait exploser près du Stade de France et le cadavre d'un des assaillants du Bataclan a été identifié comme étant un Français fiché pour ses liens avec les islamistes radicaux. Outre les trois kamikazes du Stade de France, un homme a déclenché sa ceinture d'explosifs boulevard Voltaire à Paris, "deux ou trois" kamikazes se sont fait exploser lors de l'assaut des forces de l'ordre contre le Bataclan. Un homme a été tué au début de l'assaut donné à cette salle. LA FRANCE "IMPITOYABLE" L'Etat islamique a revendiqué samedi matin dans un communiqué la responsabilité de ces attentats, affirmant que tous les membres des commandos étaient morts. "Huit frères portant des ceintures d'explosifs et des fusils d'assaut ont pris pour cibles des endroits choisis minutieusement au coeur de la capitale", lit-on. "Allah a facilité à nos frères et leur a accordé ce qu'ils espéraient (le martyr), ils ont déclenché leurs ceintures d'explosifs au milieu (des) mécréants après avoir épuisé leurs munitions." L'organisation djihadiste ajoute que ces attaques visaient à démontrer que la France demeurerait une cible privilégiée tant qu'elle poursuivra la même politique au Moyen-Orient, où elle mène des frappes contre Daech en Syrie et en Irak. François Hollande a annoncé que les forces de sécurité intérieure et l'armée étaient "mobilisées au plus haut niveau de leurs possibilités" et que la France continuerait à frapper l'EI. "La France, parce qu'elle a été agressée lâchement, honteusement, violemment, sera impitoyable à l'égard des barbares de Daech, elle agira avec tous les moyens dans le cadre du droit, avec tous les moyens qui conviennent et sur tous les terrains, intérieurs comme extérieurs, en concertation avec nos alliés qui eux-mêmes sont visés par cette menace terroriste." La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a annoncé samedi que le travail d'identification des victimes était en cours et que "plusieurs dizaines" d'entre elles l'avaient été. LES BÂTIMENTS PUBLICS FERMÉS François Hollande a prôné l'unité, ce qui semble être le cas pour l'instant dans la classe politique, et annoncé qu'il s'adresserait lundi au Congrès réuni à Versailles. Mais le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, a réclamé dès samedi des "inflexions majeures" dans le domaine de la sécurité parce que "nous sommes en guerre". L'état d'urgence, qui avait pour la dernière fois été décrété en 2005 dans certaines zones lors des émeutes dans les banlieues, l'a été dans tout le pays pour la première fois depuis la guerre d'Algérie. Le métro parisien, dont plusieurs lignes avaient été fermées dans la nuit de vendredi à samedi, avait retrouvé samedi midi une circulation normale mais les Parisiens étaient moins nombreux que d'habitude dans les rues de la capitale. Tous les bâtiments publics, dont les musées et les écoles, ont été fermés et les manifestations interdites. Certains cinémas ont fermé leurs portes, comme des jardins publics. Des grands magasins, comme le Printemps, ont également décidé de fermer samedi midi faute de personnel. Les écoles rouvriront lundi, a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Mais les maires de France ont annulé le congrès qu'ils devaient tenir à Paris du 17 au 19 novembre. Plusieurs partis politiques, dont le PS et le Front national, ont annoncé la suspension de la campagne électorale pour les élections régionales de décembre. Le parquet de Paris a annoncé qu'une enquête avait été ouverte des chefs d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs criminelle pour préparer des atteintes criminelles à la personne. (Service France, édité par Yves Clarisse)