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Législatives : pourquoi les propos de Stanislas Guerini font polémique

Stanislas Guerini, patron de La Republique en Marche (LREM) (Photo by JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Condamné pour violences conjugales, Jérôme Peyrat a finalement retiré sa candidature quelques heures après l'interview du patron d'En Marche, qui soutenait que "c’est un honnête homme, je ne crois pas qu’il soit capable de violences sur les femmes".

L'investiture de Jérôme Peyrat dans la 4e circonscription de Dordogne n'aura finalement pas survécu à la polémique. L'ancien conseiller d'Emmanuel Macron, qui dirige le pôle élus du parti de la majorité, a finalement retiré sa candidature aux législatives après avoir échangé avec Stanislas Guérini, patron d'En Marche, indique ce dernier sur Twitter.

C'est lui, quelques heures plus tôt sur France Info, qui avait soutenu l'investiture de Jérôme Peyrat, remettant ainsi la polémique sur le devant de la scène médiatique. "J'entends que ma candidature (...) pourrait porter atteinte à ma famille politique. Je la retire", a déclaré pour sa part à l'AFP Jérôme Peyrat, qui invite "à regarder précisément les faits qui me sont reprochés, la décision de justice et les autres décisions prises dans cette affaire".

Condamné pour violences conjugales

Ancien du RPR, de l’UMP et de LR, maire de La Roque-Gageac, Jérôme Peyrat a été condamné par la justice en septembre 2020 à 3 000 euros d’amende avec sursis pour violences conjugales sur son ex-compagne par le tribunal correctionnel d’Angoulême. Un modèle de lettre ouverte à Emmanuel Macron lui demandant de retirer son investiture a même été publié en ligne.

14 jours d'ITT, un syndrome post-traumatique...

Sa victime s'est vu reconnaitre 14 jours d’ITT, une douleur à la mâchoire avec limitation de l’ouverture de bouche, un hématome de la face vestibulaire de la lèvre inférieure et un syndrome de stress post-traumatique, rapporte Mediapart. De son côté, son ex-compagne a été condamnée pour des appels et messages malveillants.

L'investiture d'un homme condamné pour violences conjugales par le parti qui a fait de la lutte contre toutes les violences sexistes et sexuelles le premier pilier de la Grande Cause du quinquennat a forcément attiré l'attention.

"Une affaire complexe"

Stanislas Guérini, délégué général en marche et député de Paris, n'a pas échappé à la question sur cette investiture, mercredi matin sur France Info. S'il a tout d'abord reconnu "le caractère symbolique" de cette investiture, la suite de ses propos a vivement fait réagir. Il évoque une "affaire complexe", rappelant à plusieurs reprises que l'ex-compagne de Jerôme Peyrat avait également été condamnée dans cette affaire.

"Si j'avais, la conviction ou le soupçon qu'on ait à faire à quelqu'un qui puisse être violent et coupable de violences sur les femmes jamais je n'aurai accepté cette investiture là", tente d'argumenter Stanislas Guérini, avant d'ajouter : "il s'est d'ailleurs représenté dans sa mairie où les gens le connaissent extrêmement bien, il a d'ailleurs été réélu au premier tour. Il se soumettra au jugement des électeurs".

Une prise de position pour défendre l'investiture de cet ancien conseiller d'Emmanuel Macron qui fait vivement réagir au-delà des opposants politiques, qui dénoncent à la fois le message envoyé pour la lutte contre les violences faites aux femmes que la remise en cause d'une décision de justice.

"Décrédibiliser la fonction exécutive ET le pouvoir judiciaire ce n’est pas donné à tout le monde"

"Chez LREM, c’est désormais le chef du parti qui blanchit les copains condamnés par la justice… Honte à vous Stanislas Guérini et à votre mascarade de "grande cause" du quinquennat. Les condamnés pour violences faites aux femmes n’ont rien à faire à l’Assemblée !", tweete de son côté Gabrielle Siry-Houari, porte parole du PS et candidate aux législatives.

Sept heures après l'interview, Stanislas Guérini rappelle qu'il ne "remet en aucun cas en cause une décision de justice", et réaffirme "un engagement total de la majorité présidentuelle pour soutenir la libération de la parole des femmes".

En novembre dernier, un collectif de femmes journalistes, élues ou collaboratrices d’élues, initiatrices du mouvement #MeToo politique, demandaient aux partis, dans une tribune publiée dans Le Monde, d’"écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes" de leurs rangs. Pour les élections législatives, prévues les 12 et 19 juin, le collectif souhaitait que les formations politiques s’engagent à ne pas investir des candidats poursuivis, condamnés ou mis en cause pour ce type de violences.

LREM n’avait pas donné suite à cet appel, plusieurs responsables interrogés alors par Libération invoquant la présomption d’innocence dans des affaires qui ne seraient pas encore jugées. Jérôme Peyrat a été jugé et condamné pour violence conjugales. "Une personne condamnée pour des faits de violence devra être exclue. Et aux législatives, il faudra bien entendu en tenir compte", affirmaient alors à Libération plusieurs de ces macronistes haut-placés. Une règle qui a finalement été respectée, après le retrait de la candidature de Jérôme Peyrat.

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