Législatives : ces circonscriptions à suivre de près

Stephane Ravacley, boulanger et candidat dans la deuxième circonscription de Doubs (Photo by SEBASTIEN BOZON / AFP)

En raison de duels politiques ou de la personnalité de certains candidats, des circonscriptions seront particulièrement scrutées pour ces législatives.

Personnalités politiques, anciens ministres, duel entre candidats médiatiques... Plusieurs des 577 circonscriptions vont particulièrement attirer l'attention lors des élections législatives des 12 et 19 juin prochains.

  • La 14e circonscription du Rhône

C'est l'une des circonscriptions qui attire le plus les regards. Parmi les candidats figure Taha Bouhafs, le journaliste et militant, connu notamment pour avoir filmé les agissements d'Alexandre Benalla, investit par la Nouvelle Alliance Populaire Écologique et Sociale (Nupes).

La campagne s'annonce animée puisque Taha Bouhafs aura notamment pour adversaire politique Bruno Attal, soutien d'Éric Zemmour et secrétaire général adjoint du syndicat France Police-Policiers en colère, et qui adhère à la théorie complotiste du grand remplacement. Les deux candidats ont déjà débattu à la télévision, et débuté des échanges musclés sur les réseaux sociaux.

Outre ces deux candidats, la maire communiste de Vénissieux Michèle Picard a indiqué son intention de maintenir sa candidature malgré l'accord entre LFI, EELV, le PS et le PCF. Une situation que regrette Taha Bouhafs.

  • 4e circonscription du Loiret

Cette circonscription sera sous le feu des projecteurs pour plusieurs raisons. Déjà pour succéder à Jean-Pierre Door, 80 ans, député LR depuis 2002 et qui ne se représente pas. Mais surtout, en raison de l'identité des candidats. Parmi eux, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, parachuté dans cette circonscription.

Il fera notamment face au communiste Bruno Nottin, investi par la Nouvelle union populaire écologiste et sociale, et qui a déjà évoqué la présence de Jean-Michel Blanquer dans la circonscription. Autre candidature qui attirera les regards, celle d'Olivier Rohaut, plus connu sous le nom d'Oliv Oliv pour sa présence récurrente sur le plateau de Touche pas à mon Poste, et pour sa mobilisation aux côtés des gilets jaunes ou des anti pass sanitaires.

  • 7e circonscription du Val-de-Marne

Si cette circonscription est relativement inconnue du grand public, la candidate de la Nouvelle Union Populaire (Nupes) devrait rapidement attirer les projecteurs. Rachel Kéké, 47 ans et novice en politique, s'est faite remarquer lors d'un conflit social durant ce quinquennat.

Femme de chambre dans un hôtel parisien, l'hôtel Ibis Batignolles, elle est l'un des visages du mouvement de contestation, qui a duré 22 mois et aboutit à une revalorisation les salaires et une amélioration les conditions de travail. Une lutte devenue l'emblème des conditions de travail dégradées que les femmes de chambres de l'hôtel Ibis finissent par remporter, faisant de leur porte-parole Rachel Kéké l'un des visages de la contestation.

Une circonscription tenue par Jean-Jacques Bridey, ancien socialiste devenu LREM et épinglé par Mediapart pour s'être fait rembourser deux fois ses notes de frais, et dont il affirmait fin avril ne pas savoir encore s'il serait candidat à sa réélection.

  • 2e circonscription du Doubs

La circonscription est jugée "difficilement gagnable", mais Stéphane Ravacley, patron d’une boulangerie de Besançon, s'est lancé en janvier dernier. L'homme de 53 ans s'est fait connaître en s'opposant à l’expulsion de son apprenti, Laye Fodé Traoréiné. En janvier 2021, il entamait une grève de la faim de dix jours pour protester contre sa possible expulsion. Fin mars dernier, il a organisé un convoi au départ de sa ville pour apporter de l’aide humanitaire aux réfugiés ukrainiens en Pologne. Autant d'actions qui attirent le soutien des socialistes, puis des écologistes, et qui pourraient lui permettre d'emporter l'investiture de la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale (Nupes).

  • La sixième circonscription des Hauts-de-Seine

La soeur de Marine Le Pen va attirer les regards vers cette circonscription composée notamment d'une partie de Neuilly-sur-Seine, dans la banlieue chic de l'ouest parisien. Elle sera la candidate du RN, ce qui n'est pas une première pour elle. En 1997, elle terminait en tête au premier tour de la 8e circonscription des Yvelines, battue lors d'une triangulaire au deuxième tour. Aux dernières élections régionales, en deuxième position sur la liste de Jordan Bardella, elle a fait son retour au conseil régional d'Île-de-France.

Une circonscription à part, puisque la députée sortante, Constance Le Grip, élue sous les couleurs LR, se présenterait sous les couleurs macronistes, selon Le Figaro. Une configuration qui ne concernerait qu'une poignée de candidats à l'échelle nationale.

  • La 5e circonscription des Français de l'étranger

La majorité aussi a ses dissidents. Le député sortant de cette circonscription qui regroupe les Français installés en Espagne, au Portugal, à Monaco ou encore en Andorre, Stéphane Vojetta, comptait sur l'investiture du parti d'Emmanuel Macron. Mais c'est l'ancien Premier ministre Manuel Valls qui a finalement été investi. Peu importe, Stéphane Vojetta a annoncé qu'il serait quand même candidat, "toujours en soutien d'Emmanuel Macron".

  • Les circonscriptions où se présentent des ministres

Tout naturellement, le regard sera également attiré par les circonscriptions où se présentent les ministres les plus en vue. Outre la 4e circonscription du Loiret de Jean-Michel Blanquer, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, sera candidat dans la 10e circonscription du Nord, la ministre du Logement Emmanuelle Wargon briguera pour sa part un mandat dans la 8e circonscription du Val-de-Marne.

La ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, Élisabeth Borne, dont le nom est fréquemment évoqué pour Matignon est candidate dans la 6e circonscription du Calvados. La Secrétaire d’État en charge du handicap Sophie Cluzel devrait être candidate dans la 2e circonscription de Haute-Savoie et Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes visera la 7e circonscription de Paris. D'autres ministres devraient annoncer leur candidature dans les prochains jours.

  • Les circonscriptions avec des dissidents à gauche

L'accord conclu entre LFI, EELV, le PCF et le PS n'a pas plu à tout le monde, et certains qui n'ont pas été investis comptent quand même présenter leur candidature, notamment sous l'impulsion de Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, qui a présenté trois nouveaux candidats PS dissidents dans l'Hérault. Le maire de Montpellier, socialiste également, doit lui aussi soutenir un dissident.

Même situation dans la première circonscription en Dordogne, où le candidat PS de la première circonscription Florian Vadillo annonce "maintenir sa campagne", malgré l'accord conclu ce mercredi avec la France insoumise. Le texte ne prévoit aucune circonscription pour les candidats socialistes en Dordogne. Des candidatures dissidentes qui seront scrutées de près.

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