L'effrayante contamination dans les bouteilles en plastique
L'eau que nous buvons est polluée par des particules invisibles de plastique issues de l'activité humaine. Et logiquement, elle l'est encore plus quand elle est contenue dans une bouteille en plastique.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°932, daté octobre 2024.
Les travaux scientifiques sont sans appel : l'eau que nous buvons est polluée par des particules invisibles de plastique issues de l'activité humaine. Et leur présence est bien logiquement supérieure dans les eaux elles-mêmes embouteillées dans du plastique.
Un litre contient en moyenne 325 particules
En 2018, une étude américaine a évalué que sur 259 bouteilles de 11 marques différentes, 93 % étaient polluées avec des microplastiques. Des particules mais également des fibres allant de 6 à 100 micromètres. Selon cette analyse, un litre contient en moyenne 325 particules, des fragments provenant essentiellement de l'embouteillage. À titre de comparaison, une autre étude, allemande celle-ci, avait évalué cette même année le nombre de microplastiques dans les eaux souterraines et n'en avait décelé qu'une dizaine par mètre cube, soit 30.000 fois moins !
Un an plus tard, une méta-analyse réalisée par une équipe canadienne, compilant 26 études sur la question, révélait que ceux qui boivent de l'eau en bouteille ingèrent 20 fois plus de plastique que ceux qui s'abreuvent au robinet, soit près de 100.000 microparticules par an. Et encore, estiment les chercheurs, ces chiffres sont sous-évalués, étant donné les limitations liées à la méthodologie et aux données disponibles. Selon une étude de 2019 de l'Université de Newcastle (Royaume-Uni), nous pourrions ingérer chaque semaine 5 grammes de plastique. Soit l'équivalent d'une carte de crédit… La situation est encore bien pire avec des bouteilles faites de plastique recyclé.
"J'ai eu l'occasion de visiter une usine de recyclage, témoigne Stéphane Peyron, professeur à l'Université de Montpellier. La pollution plastique y est omniprésente. J'ai eu l'impression de respirer du plastique pour dix vies. D'un point de vue environnemental, recycler le plastique semble une solution vertueuse. Mais en réalité, d'un point de vue sanitaire, c'es[...]