Leaders d'ultradroite, agresseurs de policiers... Qui sont les émeutiers du 6-Janvier graciés par Donald Trump?
C'était l'une de ses promesses de campagne. Donald Trump a signé lundi 20 janvier à la Maison Blanche le décret graciant plus de 1.500 participants à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021, profanation sans précédent du siège du Congrès américain.
"Cette proclamation met fin à une grave injustice nationale infligée au peuple américain au cours des quatre dernières années et commence un processus de réconciliation nationale", selon le texte du décret publié par la Maison Blanche.
"Le procureur général (...) doit veiller à ce que toutes les personnes reconnues coupables d'infractions liées aux événements survenus au Capitole des États-Unis ou à proximité de celui-ci le 6 janvier 2021, qui sont actuellement détenues en prison, soient immédiatement libérées", détaille le décret.
Toutes les poursuites en cours concernant le 6-Janvier doivent également être abandonnées, a ordonné Donald Trump. Au total, quelque 1.600 personnes avaient été arrêtées et inculpées, dont plus de 1.270 ont été condamnées.
Grâces "complètes, totales et inconditionnelles"
Comme l'explique CNN, ces grâces "complètes, totales et inconditionnelles" concernent plusieurs personnes qui ont commis des violences contre les forces de l'ordre lors de l'attaque du siège du Congrès, où se déroulait la certification de l'élection de Joe Bien.
Sont notamment concernés Julian Khater, condamné à plus de six ans de prison pour avoir projeté un gaz poivré anti-ours contre le policier Brian Sicknick, lequel est décédé le lendemain d'accidents vasculaires cérébraux. Ou encore Devlyn Thompson, condamné à près de quatre ans de prison pour avoir frappé un autre agent avec une matraque en métal.
Les deux premiers détenus libérés de prison sont Andrew Valentin et Matthew Valentin, jugés récemment et condamnés la semaine dernière à deux ans et demi de prison pour des agressions contre des policiers. "Un jour historique pour l'Amérique", a salué sur X Paul Ingrassia, agent de liaison de Donald Trump pour le ministère de la Justice.
D'autres graciés présentent un profil judiciaire beaucoup plus lourd. Comme Enrique Tarrio, l'ancien chef du groupe d'extrême droite Proud Boys, condamné en 2023 à 22 ans de prison, soit la plus lourde peine prononcée pour l'assaut contre le Capitole. S'il n'était pas à Washington le 6-Janvier, il avait été considéré par le juge comme le "dirigeant ultime du complot" visant le temple de la démocratie américaine.
La grâce n'efface pas la culpabilité de celui qui la reçoit, rappelle CNN, mais elle le rétablit dans ses droits civiques, et lui permet donc de recouvrer le droit de voter ou de posséder une arme.
Chefs de milice d'ultradroite
Donald Trump a également commué les peines de 14 autres personnes, leur permettant également de sortir de prison. Parmi elles, le fondateur de la milice des Oath Keepers, Stewart Rhodes, condamné à 18 ans de prison pour "conspiration séditieuse". Il a été libéré dès le 20 janvier au soir de la prison de Washington.
"C'était l'une de ses promesses de campagne. Mais nous sommes ici aujourd'hui parce que nos frères sont toujours emprisonnés dans cette prison derrière", a-t-il réagi au micro de BFMTV ce mardi.
D'autres membres de cette milice d'extrême droite, comme Kelly Meggs ou Jessica Watkins, ont également vu leur peine commuée selon le texte du décret. Contrairement à la grâce, une peine commuée ne restaure pas le condamné dans ses droits civiques, souligne CNN.
Théories complotistes
Plus de 140 policiers ont été blessés au Capitole au cours d'un siège de sept heures qui a aussi entraîné la mort, directement et indirectement, de quatre émeutiers et de cinq policiers.
Donald Trump, qui a encouragé cette insurrection selon une commission d'enquête parlementaire, a qualifié le 6-Janvier de "journée d’amour et de paix" et affirmé que ses partisans ne représentaient "aucune menace".
En signant le décret dans le Bureau ovale, le nouveau président a également relayé la thèse complotiste selon laquelle la foule du Capitole était composée d'"agitateurs extérieurs" et que "le FBI était impliqué" dans les violences.
Les participants à l'assaut du Capitole "ont été traités très injustement", a-t-il réaffirmé ce lundi. "Les juges ont été absolument impitoyables. Les procureurs aussi", a-t-il insisté, qualifiant les émeutiers incarcérés d'"otages".
Un terme qu'il avait déjà utilisé quelques heures plus tôt, lors d'un événement à la Capitale One Arena de Washington, alors que des familles d'Américains enlevés par le Hamas à Gaza se trouvaient avec lui sur scène.