Le tout pour le tout de Nadine Morano

Le sort de l’eurodéputée sera scellé ce mercredi par la commission nationale d’investitures du parti Les Républicains qui devrait lui retirer sa tête de liste en Meurthe-et-Moselle. Mais Nadine Morano n’est pas du genre à rester les bras ballants en attendant que le couperet tombe. Et Nicolas Sarkozy ne sortira pas indemne de cette polémique.

Dans un cas comme le sien, certains se seraient murés dans le silence et auraient fui les médias autant que possible. Pas elle. Se taire, impossible ! Cela ne fait pas partie de son ADN. Alors elle continue. Elle en rajoute même. Elle alimente la polémique pour sauver sa peau ! Une stratégie en trois temps. Premièrement : elle assume. Après ses propos sur "la race blanche" dans l’émission "On n’est pas couché", elle persiste et signe. Elle le répète : elle n’a "rien" à retirer. Pas d’excuse donc. Et elle se justifie : "J'ai dit "La France est un pays de race blanche", je n'ai pas dit "les Français sont de race blanche"." Deuxièmement donc : elle se pose en victime. Nadine Morano dénonce une "instrumentalisation" de ses déclarations, une "cabale politique et médiatique." Elle rejette la faute sur les centristes du parti. Bref, elle joue les martyrs. Troisièmement : elle agite sa capacité de nuisance. Et affiche ses soutiens : Brigitte Bardot "scandalisée et fière" d’elle, sa désormais fameuse "amie de race noire" qui est, selon ses dires, "exaspérée", le petit-fils de Charles de Gaulle lui aurait aussi écrit, mais aussi et surtout les militants du parti Les Républicains dont elle dit avoir reçu "une valise de mails de soutiens." Elle a répété qu’elle souhaitait être candidate à la primaire à droite et a même lancé un appel au financement de sa campagne via son micro parti le "Rassemblement pour le peuple de France."

Parallèlement, Nadine Morano prend soin de faire la distinction avec le discours du Front National qui "prône le retour en arrière de plus de 40 ans, il prône le retour au franc, la fermeture des frontières, le repli sur soi, moi je suis une européenne convaincue", déclare-t-elle. Elle se dit gaulliste jusqu’au bout des ongles et affiche même sur sa page facebook une photo d’elle en train de se recueillir sur la tombe du Général à Colombey-les-deux-Eglises. Gaulliste donc. Et Sarkozyste ! Elle a rappelé sa fidélité au président du parti Les Républicains. "Je fais partie de ceux qui ne lui ont jamais manqué, dans les moments les plus durs où il était cloué au pilori. Après il fera ce qu’il voudra." C’est vrai, elle a toujours été parmi les plus proches de Nicolas Sarkozy. Elle ne l’a jamais lâché. Et lui alors ? L’aurait-il oubliée ? Serait-il en train de la sacrifier alors que son franc parler est apprécié par une bonne partie des militants qui se reconnaissent dans la "droite décomplexée" qu’elle incarne ? Aurait-il aussi oublié que sans le débat sur l’identité nationale qu’il a lui même initié pendant son quinquennat, on n’en serait peut-être pas là ? La polémique Morano risque bien de coûter très cher à Nicolas Sarkozy.