Le ton monte entre Berlin et Athènes sur les réparations de guerre

BERLIN/ATHENES (Reuters) - L'Allemagne a une nouvelle fois rejeté mercredi les demandes grecques de réparations de guerre à la suite de l'occupation de la Grèce par la Wehrmacht entre 1941 et 1944. A Athènes, le ministre de la Justice Nikos Paraskevopoulos s'est déclaré prêt à appliquer une décision de la Cour suprême grecque datant d'il y a quinze ans, autorisant la Grèce à confisquer des biens allemands pour verser des indemnités aux descendants des victimes d'un massacre commis par des Waffen SS en juin 1944 dans le village de Distomo. "Nous sommes fermement convaincus que la question des réparations et des indemnités est juridiquement et politiquement réglée", a déclaré à Berlin Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel. "Nous devons nous consacrer aux questions actuelles et, je l'espère, à bâtir un avenir heureux", a-t-il ajouté. Un porte-parole du ministère allemand des Finances a déclaré qu'il n'y avait aucune raison d'ouvrir des discussions avec le gouvernement grec sur des réparations de guerre et a jugé que cette affaire n'était qu'une manoeuvre de diversion pour faire passer au second plan les défis économiques et financiers que la Grèce doit relever en ce moment. S'exprimant sur la chaîne de télévision Mega TV, le ministre grec de la Justice a rappelé mercredi qu'une décision de la Cour suprême en 2000 autorisait le gouvernement à saisir des biens appartenant à des Allemands afin de verser des réparations aux descendants des victimes de Distomo, où 218 habitants avaient été massacrés. Cette décision doit être approuvée par le ministre de la Justice pour être appliquée. Depuis quinze ans, les prédécesseurs de Nikos Paraskevopoulos ont refusé de le faire, voulant éviter une confrontation directe avec Berlin. "ARTIFICES JURIDIQUES" "Je suis prêt à signer", a affirmé pour sa part le ministre grec. "Et le Premier ministre (Alexis Tsipras) est au courant de mon opinion sur cette question." Prié de dire quand il comptait approuver officiellement la décision de la Cour suprême, il a simplement répondu: "quand le temps politique sera venu". Mardi, Alexis Tsipras a accusé l'Allemagne d'avoir eu recours à des artifices juridiques afin de ne pas verser de réparations de guerre à Athènes et a promis de soutenir le Parlement grec dans ses efforts pour que ce dossier soit rouvert. "Après la réunification de l'Allemagne en 1990, les conditions juridiques et politiques étaient réunies pour régler cette question. Mais, depuis, tous les gouvernements allemands ont choisi le silence et les artifices juridiques, et traîné les pieds", a déclaré le Premier ministre grec lors d'un débat au Parlement. Le mois dernier, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré que son pays était tout à fait conscient de sa responsabilité morale et politique dans les "terribles événements" survenus en Grèce pendant la guerre mais a affirmé que le dossier des réparations était définitivement réglé. L'Allemagne a versé 115 millions de Deutsche Mark en 1960 à la Grèce dans le cadre de ces réparations. (Michael Nienaber, Noah Barkin et Madeline Chambers à Berlin, Karolina Tagaris et Lefteris Papadimas à Athènes; Guy Kerivel pour le service français)