Le Tchad veut une force de l'Onu en Centrafrique

N'DJAMENA (Reuters) - Le président tchadien Idriss Déby s'est prononcé pour la première fois en faveur de l'envoi en Centrafrique d'une force de maintien de la paix de l'Onu afin de limiter les violences dans ce pays voisin du sien. Le gouvernement français a annoncé vendredi l'envoi de 400 soldats supplémentaires pour renforcer les 1.600 militaires de l'opération Sangaris et tenter de faire cesser les affrontements meurtriers dans le pays, où sont également présents 5.000 soldats africains. "Nous avons besoin de plus d'hommes, de plus de moyens", a dit lundi soir Idriss Déby, à l'occasion d'une visite au Tchad de Catherine Samba-Panza, la présidente par intérim de la République centrafricaine. "Seule l'Onu peut les fournir. Nous devons nous tourner vers une force de l'Onu." C'est la première fois que le Tchad, l'une des principales puissances militaires de la région, assume cette position, alors que les pays voisins de la République centrafricaine ont jusqu'à maintenant insisté sur la nécessité de laisser du temps à la force régionale de maintien de la paix, la Misca. Idriss Déby a en outre jugé nécessaire de négocier avec les anciens rebelles de la coalition Séléka, venus du Nord et majoritairement musulmans, qui ont chassé du pouvoir le président François Bozizé en 2013 et dont l'un des membres, Michel Djotodia, est devenu chef d'Etat avant d'être contraint à la démission le mois dernier. "Nous ne pouvons pas accepter la partition du pays", a dit Idriss Déby. "Il faut négocier avec la Séléka (...) pour qu'ils puissent revenir." Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a reconnu samedi que l'intervention serait plus longue que prévu en raison du "niveau de haine et de violence", alors que l'on compte 2.000 morts et un million de déplacés à la suite des affrontements entre proches de la Séléka et les milices anti-balaka, principalement chrétiennes. Madjiasra Nako; Julien Dury pour le service français