Le témoignage d’une des accusatrices de Ramadan fragilisé

Le témoignage d’une des accusatrices du théologien musulman Tariq Ramadan (photo), mis en examen pour viol et viol sur personne vulnérable, est fragilisé par son incapacité à se souvenir de la date exacte à laquelle elle dit avoir subi de sa part des violences sexuelles. /Photo d'archives/REUTERS/Alessandro Bianchi

PARIS (Reuters) - Le témoignage d’une des accusatrices du théologien musulman Tariq Ramadan, mis en examen pour viol et viol sur personne vulnérable, est fragilisé par son incapacité à se souvenir de la date exacte à laquelle elle dit avoir subi de sa part des violences sexuelles.

Selon son avocat, Me Francis Szpiner, Henda Ayari a maintenu jeudi ses accusations, lors d’une confrontation avec l’islamologue suisse dans le bureau des juges chargés de ce dossier.

Mais à la date du 26 mai 2012, qu’elle a avancée après avoir déjà changé de version, elle était au mariage de son frère à Rouen, ce que les enquêteurs ont vérifié, et non à Paris, à l’hôtel Crowne Plaza, où elle disait avoir rencontré Tariq Ramadan, ont déclaré à Reuters tant l’avocat de l'accusé Me Emmanuel Marsigny que celui de la plaignante.

Les deux avocats n’en tirent cependant pas la même conclusion.

Pour Me Marsigny, qui a déposé jeudi une nouvelle demande de libération de son client, la version de Henda Ayari "s’écroule".

"Pour moi il n’y a plus d’affaire Ayari puisqu’il n’y a plus de date et plus de lieu", explique l’avocat du théologien, selon qui, ce 26 mai-là, Tariq Ramadan était bien à Paris mais dans un autre hôtel, le Holiday Inn.

Pour Me Szpiner, il n’est pas choquant que sa cliente ne se souvienne pas de la date exacte des faits reprochés à Tariq Ramadan. "Elle se souvient d’une période de temps, que c’était après avoir changé la photo de son profil sur Facebook et qu’il pleuvait ce jour-là ; elle a parlé de ce rendez-vous à une amie."

Emmanuel Marsigny a déposé en juin une demande d’annulation de la mise en examen de son client et dit attendre une réponse la semaine prochaine.

"Si la mise en examen est maintenue, ce sera un cinglant camouflet pour ceux qui disent que le dossier s’effondre", a pour sa part déclaré Francis Szpiner à Reuters. "J’attends avec sérénité la décision des juges (...) Les investigations continuent."

Une autre accusatrice de Tariq Ramadan, identifiée sous le nom de "Christelle", pourrait lui être notamment confrontée. La confrontation devait avoir lieu mercredi mais a été reportée après que la plaignante eut fait savoir qu’elle était souffrante.

L'accusé fait l'objet de quatre plaintes - deux en France, une aux Etats-Unis et une en Suisse - pour des faits similaires assortis de violences. Il a échappé à une nouvelle mise en examen pour viol en France en juin.

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)