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Le SPD approuve l'ouverture de négociations avec les conservateurs

Les sociaux-démocrates allemands ont approuvé dimanche l'ouverture de négociations formelles avec les conservateurs en vue de constituer un gouvernement de grande coalition. /Photo prise le 21 janvier 2018/REUTERS/Wolfgang Rattay

par Holger Hansen et Paul Carrel

BONN (Reuters) - Les sociaux-démocrates allemands ont approuvé dimanche l'ouverture de négociations formelles avec les conservateurs en vue de constituer un gouvernement de grande coalition.

Les délégués réunis en congrès à Bonn ont donné leur feu vert par 362 voix pour, 279 voix contre, et une seule abstention.

Ce vote était suivi de près par tous les dirigeants européens, qui espèrent voir l'Allemagne sortir de la période d'incertitude politique dans laquelle le pays est plongé depuis les élections législatives du 24 septembre.

Les négociations entre SPD, CDU (Union chrétienne-démocrate) et son alliée bavaroise la CSU (Union chrétienne-sociale) devraient débuter cette semaine.

Elles s'appuieront sur un premier accord préparatoire conclu le 12 janvier entre les trois formations, qui ont déjà gouverné ensemble, sous la direction d'Angela Merkel, de 2005 à 2009 et de 2013 à 2017.

Avant le vote, le président du SPD Martin Schulz a lancé un vibrant appel en faveur de l'ouverture de négociations, estimant qu'en l'absence de gouvernement, l'Allemagne se dirigera vers de nouvelles élections potentiellement catastrophiques pour le SPD.

"On ne doit pas gouverner à n'importe quel prix", a déclaré l'ancien président du Parlement européen. "Mais on ne doit pas non plus être prêt à payer n'importe quel prix pour refuser de gouverner."

Le numéro un du SPD est confronté à une vive opposition venue aussi bien de l'aile gauche du parti que de ses jeunes militants, qui estiment que le SPD doit rester dans l'opposition pour se réinventer après avoir subi en septembre son plus mauvais résultat électoral de l'après-guerre (20,5% des voix).

"VISIBLE, AUDIBLE ET RECONNAISSABLE"

"Le SPD doit et sera visible, audible et reconnaissable !", a lancé Martin Schulz dans son discours aux délégués, recueillant de nombreux applaudissements.

"La question est: des négociations de coalition ou de nouvelles élections. Je ne crois pas que de nouvelles élections soient la bonne voie pour nous", a ajouté le chef du SPD, dont la formation a encore baissé dans les sondages depuis septembre.

Après son intervention, plusieurs jeunes dirigeants du SPD se sont succédé à la tribune pour défendre le point de vue inverse.

Le bloc conservateur a profité de ses années de gouvernement avec les sociaux-démocrates, qui n'ont pas été en mesure d'appliquer leur politique, a regretté Kevin Kühnert, le chef des "Jusos", les jeunes du SPD.

La motion approuvée par les délégués dimanche souligne que les négociateurs sociaux-démocrates devront tenter d'obtenir davantage de concessions des conservateurs sur les questions du travail, de la santé et de l'immigration.

L'accord de coalition définitif devra être approuvé par l'ensemble des membres du SPD.

(Avec la contribution de Michael Nienaber, Benoît Van Overstraeten, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)