Le SPD allemand critique l'objectif de 2% du PIB

BERLIN (Reuters) - Le Parti social-démocrate allemand (SPD) rejette l'objectif fixé par l'Otan d'un budget de la défense représentant 2% du produit intérieur brut et reproche à la chancelière Angela Merkel et à son bloc conservateur de s'aplatir devant Donald Trump. A un mois et demi des élections législatives du 24 septembre, le président du SPD, Martin Schulz, et le chef du SPD au Parlement, Thomas Oppermann, se livrent à une critique au vitriol de la politique de défense des conservateurs dans une tribune publiée par le groupe de médias Funke Mediengruppe. "Nous disons clairement non à 'l'objectif de deux pour cent' de Trump et de la CDU/CSU", écrivent les deux dirigeants. "Ce n'est pas seulement irréaliste, c'est tout simplement le mauvais objectif", estiment-ils. Avant même d'accéder à la Maison blanche en janvier, Donald Trump n'a cessé de réclamer un effort financier supplémentaire aux autres pays membres de l'Otan que les Etats-Unis. Selon Martin Schulz et Thomas Oppermann, l'Allemagne devrait presque doubler ses dépenses militaires pour atteindre l'objectif fixé par l'organisation transatlantique. Cela ferait du pays la première puissance militaire d'Europe, un objectif dont personne ne veut en Europe étant donné le poids de l'Histoire, assurent-ils. Au lieu de cela, défendent les deux hommes, l'Allemagne devrait se concentrer sur la construction d'une solide Europe de la défense, jusqu'à aboutir à la création d'une armée européenne. "Merkel et la CDU/CSU se dévalorisent face à Donald Trump quand ils répondent à ses provocations sur l'objectif de 2% en disant: 'OK, d'accord, on mettra plus d'argent', comme si nous n'avions pas de meilleures idées", disent les deux sociaux-démocrates. Selon eux, l'augmentation des dépenses militaires doit s'accompagner de dépenses supplémentaires pour la diplomatie, l'aide humanitaire et la prévention des crises. Le ministre des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, s'était déjà montré sceptique quant à cet objectif des 2% mais cette mise au point de Schulz et Oppermann est la plus explicite à ce jour du SPD sur les questions de défense et creuse le fossé entre les deux partenaires de coalition. En juin déjà, le SPD avait marqué ses distances avec les conservateurs en bloquant un projet visant à louer des drones israéliens armés pour protéger les soldats allemands déployés en Afghanistan et au Mali, s'attirant les critiques de la ministre de la Défense Ursula von der Leyen et du chef d'état-major de l'armée de l'air. La CDU/CSU conserve une très large avance dans les sondages sur le SPD et espère faire alliance avec des plus petites formations à l'issue des prochaines élections. (Andrea Shalal; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)