Le soutien à l'Etat islamique croît avec les frappes, dit le FBI

WASHINGTON (Reuters) - Le soutien à l'Etat islamique (EI, ex-EIIL) exprimé sur internet s'est accru depuis que les Etats-Unis bombardent ses positions en Irak et ces djihadistes pourraient tenter d'enlever d'autres otages américains dans l'espoir d'arracher des concessions à Washington, a déclaré mercredi le directeur du FBI. L'Etat islamique, qui s'est emparé de vastes territoires en Irak et en Syrie, est "déterminé à instiller la peur et à attirer des recrues" et à éveiller l'attention, comme l'a prouvé la publicité qu'il a donnée sur internet à la récente décapitation des deux journalistes américains James Foley et Steven Sotloff, a dit James Comey devant une commission parlementaire au sujet des menaces pesant contre la sécurité intérieure des Etats-Unis. "L'utilisation massive des réseaux sociaux par l'EIIL et le soutien croissant (dont il bénéficie) sur internet se sont intensifiés après le début des frappes aériennes américaines en Irak" en août, a déclaré le patron de la police fédérale selon la version écrite de son discours. L'Etat islamique et d'autres organisations "pourraient encore tenter de capturer des otages américains dans le but de contraindre le gouvernement et le peuple des Etats-Unis à faire des concessions qui ne feraient que renforcer l'EIIL et ses opérations terroristes", a poursuivi James Comey. Interrogé lui aussi par la commission de la Chambre des représentants sur la sécurité intérieure, Matt Olsen, directeur du centre national de lutte antiterroriste, a estimé que l'Etat islamique récupérait un million de dollars par jour de la vente de pétrole sur le marché noir, de divers trafics, de vols et du versement de rançons pour des libérations d'otages. Officiellement, les Etats-Unis ne paient pas de rançon pour leurs otages. LES FRAPPES AÉRIENNES PAS SUFFISANTES Pour ces deux responsables de la sécurité intérieure, la capacité de l'EI à frapper sur le sol américain repose en partie sur son utilisation massive et sophistiquée des réseaux sociaux pour radicaliser des Américains. L'EI a notamment utilisé ces nouvelles technologies pour recruter plus de 15.000 combattants étrangers en Syrie, lesquels sont ensuite susceptibles de retourner dans leurs pays "endurcis au combat, radicalisés et déterminés à nous attaquer", a dit Matt Olsen, selon la version écrite de son discours. Interrogé par un petit groupe de journalistes à Wiesbaden, en Allemagne, où il est venu participer à la conférence des armées européennes, le chef d'état-major de l'armée américaine a jugé que des frappes aériennes ne permettraient pas à elles seules d'anéantir l'Etat islamique. "Vous devez avoir des forces terrestres capables de les attaquer et de les déloger afin de les vaincre et de les détruire et c'est pourquoi la formation, notre capacité à avoir des conseillers et à former (les Irakiens) à le faire est si incroyablement importante", a déclaré Ray Odierno. Commandant des forces américaines en Irak de 2008 à 2010, le général Odierno a laissé entendre qu'à son avis, il aurait été préférable que l'armée américaine ne se retire pas d'Irak comme elle l'a fait fin 2011 sur décision du président Barack Obama, car "nous aurions pu garder un oeil plus attentif à ce qui se passait". (Doina Chiacu, avec Adrian Croft à Wiesbaden,; Bertrand Boucey pour le service français)