Le sommet russo-japonais s'achève sans avancée sur les Kouriles

TOKYO (Reuters) - Le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président russe Vladimir Poutine ont clôt vendredi un sommet de deux jours à Tokyo avec des promesses de coopération économique accrue mais sans progrès net sur la question du territoire contesté des Kouriles, objectif cher à Tokyo. Vladimir Poutine a selon les experts atteint le principal objectif de sa visite au Japon: sortir Moscou de l'isolement international au moment où la Russie est vivement critiquée par les pays occidentaux pour son rôle dans la destruction d'Alep-Est en Syrie. N'offrant aucune concession majeure à son hôte japonais sur les îles Kouriles, envahies par l'armée soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a empêché les deux pays de signer depuis un Traité de paix, Vladimir Poutine a surtout insisté sur l'intérêt pour les deux pays de développer leurs relations économiques. "Je crois qu'un travail commun dans le domaine économique permettra de créer les bases d'un vrai partenariat", a déclaré le président russe. Il a ajouté pendant la conférence de presse de clôture du sommet que Moscou souhait renforcer la coopération économique dans les Kouriles et pourrait assouplir les règles pour faciliter les visites des Japonais dans ces îles, appelées Territoires du Nord au Japon. Les discussions au niveau ministériel entre Tokyo et Moscou en matière de sécurité étaient suspendues depuis l'annexion de la région ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014 et l'adoption de sanctions économiques occidentales. Shinzo Abe espérait qu'une reprise des échanges au plus haut niveau à un moment où Moscou souffre de la baisse des prix du pétrole et des conséquences des sanctions occidentales lui permettrait d'avancer davantage sur la question des Kouriles. Mais à l'issue du sommet, il a été contraint de constater que la voie menant à un Traité de paix entre le Japon et la Russie était encore "difficile". "Abe doit être extrêmement déçu", commente James Brown, professeur à l'antenne nippone de la Temple University. "Poutine n'a absolument rien cédé et en retour il a reçu la promesse d'une coopération économique accrue. Et ce qui compte tout autant pour lui, il a montré les divisions du G7 en ce qui concerne la politique à l'égard de la Russie et a poussé le Japon à prendre ses distances avec la politique américaine", ajoute-t-il. (Kiyoshi Takenaka et Katya Golubkova; Tangi Salaün pour le service français)