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Le scandale de la FIFA se rapproche de Sepp Blatter

Jérôme Valcke (à droite), secrétaire général de la FIFA et bras droit de Sepp Blatter, est soupçonné par la justice américaine d'avoir supervisé un transfert de 10 millions de dollars qui se trouve au coeur du scandale de corruption ébranlant la Fédération internationale de football. /Photo prise le 29 mai 2015/REUTERS/Ruben Sprich

par Nate Raymond NEW YORK (Reuters) - Le Français Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA et bras droit de Sepp Blatter, est soupçonné par la justice américaine d'avoir supervisé un transfert de 10 millions de dollars qui se trouve au coeur du scandale de corruption ébranlant la Fédération internationale de football, a-t-on appris lundi d'une source proche du dossier. Dans l'acte d'accusation déposé auprès d'un tribunal fédéral de Brooklyn, à New York, Jérôme Valcke serait ainsi le "responsable de haut rang de la FIFA" qui a organisé en 2008 le transfert de cette somme vers Jack Warner, vice-président de la FIFA à l'époque. Le nom de Jérôme Valcke n'apparaît pas dans ce document et il n'est ainsi officiellement accusé d'aucune malversation. Il n'a pas été possible de le joindre dans l'immédiat. Dans un courriel adressé au New York Times, qui a le premier évoqué son implication, Jérôme Valcke écrit qu'il n'a pas autorisé ce transfert et qu'il n'avait pas le pouvoir de le faire. Une porte-parole de la FIFA a pour sa part déclaré que ce transfert, effectué en plusieurs versements, avait été autorisé par le président de la commission des Finances de la FIFA à l'époque, l'Argentin Julio Grondona, décédé l'an dernier. La FIFA a aussi annoncé que Jérôme Valcke n'assisterait pas à l'ouverture de la Coupe du monde féminine de football censée débuter samedi au Canada, contrairement à ce qui était initialement prévu, afin de se consacrer aux dossiers en cours au siège de l'organisation à Zurich. Ces 10 millions de dollars sont un élément central des accusations portées par la justice américaine contre Jack Warner, soupçonné d'avoir encaissé des pots-de-vin pour aider l'Afrique du Sud à obtenir l'organisation de la Coupe du monde 2010. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA CONCACAF SUSPENDU D'après l'acte d'accusation, un arrangement a été conclu à l'époque avec des responsables de la FIFA pour qu'une somme de 10 millions de dollars qui aurait dû aller à l'Afrique du Sud en vue de la Coupe du monde soit finalement versée à l'Union du football caribéen, dont Jack Warner était le président. Un haut responsable de la FIFA, identifié lundi par une source comme étant Jérôme Valcke, a ensuite organisé le transfert de la somme vers des comptes contrôlés par Jack Warner. Puis ce dernier a détourné une partie de l'argent à son usage personnel ou vers des comptes lui appartenant. Jack Warner fait partie des neuf responsables de la FIFA et cinq dirigeants d'entreprises accusés mercredi dernier par la justice américaine de faits de corruption ayant donné lieu, depuis le début des années 1990, au versement de pots-de-vin estimés à plus de 150 millions de dollars (138 millions d'euros). Ni Jérôme Valcke ni Sepp Blatter, réélu vendredi président de la FIFA malgré ce scandale, ne figurent parmi ces 14 personnes mises en cause. Un responsable de l'administration fiscale aux Etats-Unis a néanmoins déclaré vendredi s'attendre à "une nouvelle vague d'inculpations" dans cette vaste enquête pour corruption secouant la FIFA. Selon des documents judiciaires rendus publics lundi, le propre fils de Jack Warner, Daryan Warner, a conclu en 2013 un accord confidentiel avec les autorités américaines pour coopérer à leur enquête dans le cadre d'une procédure de plaider coupable concernant son implication dans un programme de revente de billets de matches de la Coupe du monde. Son frère Daryll a conclu séparément un accord du même type. De son côté, le comité d'éthique de la FIFA a annoncé lundi la suspension d'Enrique Sanz, secrétaire général de la Confédération d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), et de Jean-Guy Blaise Mayolas et Badji Mombo Wantete, respectivement vice-président et secrétaire général de la Fédération congolaise de Football (Fecofoot). Au Paraguay, un juge a ordonné lundi l'assignation à résidence de Nicolas Leoz, ancien président de la Confédération sud-américaine de football (Conmebol). (Nate Raymond; Bertrand Boucey pour le service français)