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Le Sénat américain débat mais reste immobile sur les armes à feu

par Richard Cowan WASHINGTON (Reuters) - Sénateurs républicains et démocrates se sont affrontés jeudi aux Etats-Unis au sujet du contrôle des armes à feu et ne sont une nouvelle fois pas parvenus à s'entendre sur les moyens de lutter contre les fusillades telles que celle qui a fait 14 morts la veille à San Bernardino, en Californie. Les élus de la minorité démocrate ont réclamé que les vérifications sur les antécédents des acquéreurs d'armes à feu soient élargies aux foires spécialisées et aux transactions sur internet à l'intérieur d'un même Etat. Ils ont aussi proposé de combler une faille juridique permettant aux personnes figurant sur des "listes de surveillance terroriste" d'acheter des armes et des explosifs. Ces deux tentatives se sont heurtées à une vive opposition des élus de la majorité républicaine. Ces derniers arguent que l'Etat pourrait placer par erreur des innocents sur ces listes de surveillance et les priver ainsi de leur droit constitutionnel de posséder une arme à feu. Cet argument est aussi avancé par la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby pro-armes aux Etats-Unis. John Cornyn, sénateur républicain du Texas, n'est pas parvenu à faire adopter une proposition alternative consistant à suspendre pendant 72 heures la vente d'une arme à feu à un acquéreur fiché par les autorités. Les détracteurs de cette proposition estiment que la vérification des antécédents pourrait prendre plus de temps. Les autorités américaines tentent toujours de déterminer si le couple accusé d'avoir tué 14 personnes et d'en avoir blessé 21 autres la veille à San Bernardino, en Californie, avant de tomber sous les balles de la police, entretenait des liens avec des groupes islamistes à l'étranger, a-t-on appris jeudi de source proche de l'enquête. OBAMA PLAIDE UNE NOUVELLE FOIS POUR PLUS DE CONTRÔLE "Le Congrès est complice de ces meurtres de masse dès lors qu'il est incapable d'agir", a déclaré le démocrate Richard Blumenthal au cours d'une conférence de presse organisée avant les votes des sénateurs. Richard Blumenthal est élu du Connecticut, théâtre en décembre 2012 de la fusillade dans l'école élémentaire Sandy Hook de Newtown, dans laquelle ont été tuées 26 personnes, dont 20 enfants. A l'époque déjà, le débat sur les armes à feu avait semblé prendre de la vigueur avant de se refermer quelques mois plus tard avec le rejet d'une proposition de réforme par le Sénat. Barack Obama a saisi la nouvelle fusillade de mercredi en Californie pour plaider une nouvelle fois en faveur d'une législation plus stricte sur les armes à feu. "Nous allons avoir, je crois, à nous livrer à une réflexion sur nous-mêmes en tant que société pour nous assurer que nous pouvons prendre les mesures élémentaires qui rendraient plus difficile, pas impossible mais plus difficile, l'accès aux armes pour ces individus", a dit le président démocrate des Etats-Unis. D'après un sondage réalisé le mois dernier pour le Washington Post et ABC News, 82% des Américains interrogés considèrent que la violence liée aux armes à feu est un problème très sérieux ou assez sérieux. Les personnes interrogées se répartissent en revanche de manière quasiment égale quand on leur demande ce qui est le plus important entre une nouvelle législation pour réduire les violences par armes ou la protection du droit à posséder une arme. D'après ce sondage, 63% des Américains imputent les fusillades de masse à des problèmes de santé mentale et 23% à un contrôle inadéquat des armes à feu. (Bertrand Boucey pour le service français)