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Le RSA installe-t-il la pauvreté dans le pays, comme le dit Fabien Roussel ?

Fabien Roussel, député communiste (Photo by PATRICK HERTZOG/AFP via Getty Images)
Fabien Roussel, député communiste (Photo by PATRICK HERTZOG/AFP via Getty Images)

Le député communiste Fabien Roussel a affirmé que "le RSA a été mis en place pour soi-disant lutter contre la pauvreté, mais il installe la pauvreté dans notre pays".

Après ses propos sur le travail, le député communiste Fabien Roussel a fait une nouvelle sortie qui pourrait faire débat à gauche. Invité sur BFMTV, l'ancien candidat à la présidentielle a affirmé que "le RSA a été mis en place pour soi-disant lutter contre la pauvreté, mais qui en fait installe la pauvreté dans notre pays et oppose chômeurs et travailleurs".

Le RSA, qui remplace le RMI depuis 2008, vise à assurer un revenu minimal aux plus de 25 ans ou aux majeurs sous certaines conditions. Il est fixé à 598,54 euros pour une personne seule et sans enfant et concernait, en 2020, 2,1 millions d'allocataires âgés de 25 ans et plus. Une mesure qui a coûté 15 milliards d'euros en 2019.

Au bout de 7 ans, 34% des allocataires ont un emploi

Selon le ministère des Solidarités et de la Santé, le RSA "a pour objet d’assurer à ses allocataires des moyens convenables d’existence, de lutter contre la pauvreté et de favoriser l’insertion sociale et professionnelle".

Un rapport de la Cour des comptes, publié en janvier 2022, s'est intéressé au rôle du Revenu de solidarité active dans la lutte contre la pauvreté. Le rapport met en avant que sept ans après l'entrée dans le dispositif RSA, seuls 34% des allocataires en moyenne ont un emploi.

65% des allocataires vivent sous le seuil de pauvreté monétaire

Parmi les points faibles du dispositif mis en avant par les rapporteurs, le RSA bénéficie insuffisamment aux personnes auxquelles il est destiné, avec des taux de couverture d’environ 70% pour le volet allocation et de 40% pour le volet accompagnement.

Mais surtout, un élément en lien direct avec les propos de Fabien Roussel est mis en avant par les rapporteurs. Le RSA ne permet pas à lui seul de sortir de l'état de pauvreté : 65% des allocataires vivent sous le seuil de pauvreté monétaire, soit près de 15% de la population française qui vit avec moins de 1 000 euros, détaille la Cour des comptes.

78% des bénéficiaires estiment que le RSA leur a "évité de tomber dans la pauvreté"

Toutefois, nuancent les auteurs du rapport, le RSA aurait permis à ses bénéficiaires de sortir de la grande pauvreté. En effet, seuls 16% des bénéficiaires vivent avec moins de 40% du revenu médian, soit 733 euros.

Interrogés par sondage, 78% des bénéficiaires estiment que le RSA leur a "procuré un revenu minimum" et leur a "évité de tomber dans la pauvreté". C’est la dimension de ce dispositif la plus reconnue par ses bénéficiaires.

Le RSA bientôt conditionné à des heures de travail ?

Une réforme du RSA est voulue par le gouvernement, qui veut conditionner son versement à des heures de travail. Une expérimentation de 12 mois, sur 10 bassins d’emploi, va être lancée cet automne. La Somme et l'Essonne sont parmi les départements candidats.

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Objectif, tester de conditionner le versement du RSA à 15 à 20 heures d’activité par semaine. L'idée avait été évoquée durant la campagne présidentielle par Valérie Pécresse et Emmanuelle Macron notamment, suscitant de vives réactions.

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Dans son rapport, la Cour des comptes émettait 17 recommandations qui découlent de trois grandes orientations générales. Parmi lesquelles un meilleur accompagnement des bénéficiaires du RSA dans le retour à l'emploi, notamment en proposant systématiquement "l'inscription dans un parcours de formation ou d'emploi au plus tard deux ans après l'entrée dans le dispositif". Les rapporteurs l'écrivent noir sur blanc : "la reprise d’activité reste le moyen privilégié de sortir de la pauvreté".

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