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Le Royaume-Uni en état d'alerte maximale, l'enquête se poursuit

par Michael Holden et Andy Bruce MANCHESTER, Grande-Bretagne (Reuters) - Des soldats se sont déployés mercredi sur des sites sensibles de Grande-Bretagne, où l'alerte terroriste a été portée à son niveau maximal à la suite de l'attentat suicide qui a fait 22 morts et 59 blessés lundi soir à la sortie d'un concert à Manchester. Invité mercredi matin sur la BBC, la ministre de l'Intérieur, Amber Rudd, a déclaré qu'il était probable que l'auteur de l'attaque n'avait pas agi seul. Elle a confirmé que Salman Abedi était connu des services de sécurité britanniques avant son passage à l'acte. "Il semble probable, possible, qu'il n'a pas agi seul; les services de renseignement et la police remontent par conséquent leurs pistes afin d'obtenir toutes les informations dont ils ont besoin pour assurer notre sécurité", a-t-elle dit au micro de la BBC. Le relèvement de l'état d'alerte des services de sécurité au niveau "critique", le degré maximal, a été annoncé tard mardi soir par Theresa May. C'est une première depuis juin 2007. La Première ministre britannique, qui a suspendu la campagne en vue des élections législatives du 8 juin, a également ordonné le déploiement de l'armée pour sécuriser le pays. Des soldats pourront être appelée en renfort pour assurer la sécurité de rassemblements publics comme les concerts ou les événements sportifs. Amber Rudd a précisé que ces renforts militaires seraient sous le commandement de la police. Jusqu'à 3.800 soldats pourraient être déployés, a-t-elle ajouté, pour alléger la charge des forces de police et leur permettre de se consacrer à d'autres tâches. "UNE NOUVELLE ATTAQUE POURRAIT ÊTRE IMMINENTE" Theresa May a souligné qu'il était impossible d'écarter à ce stade la possibilité qu'Abedi faisait partie d'un réseau. "Cela signifie qu'ils estiment que non seulement une attaque demeure très probable mais qu'une nouvelle attaque pourrait être imminente", a-t-elle prévenu lors d'une allocution télévisée mardi soir après une nouvelle réunion avec les responsables des services de sécurité et de renseignement britanniques. Mark Rowley, le patron de l'antiterrorisme, a expliqué que le relèvement de l'alerte à son niveau maximal avait été décidé "à titre de précaution" du fait de lacunes dans l'enquête en cours sur l'attentat. "L'enquête se développe rapidement et nous disposons toujours de ressources considérables sur place. Relever le niveau d'alerte au degré critique nous aidera dans les opérations en cours", a commenté le chef adjoint de la police du Grand Manchester, Ian Pilling, dans un communiqué. L'auteur de l'attentat suicide qui a fait 22 morts lundi soir à la sortie du concert d'Ariana Grande à la Manchester Arena a été identifié. Il s'appelait Salman Abedi et était né en 1994 à Manchester de parents libyens. Selon des sources proches du renseignement américain, citant leurs homologues britanniques, il était rentré récemment d'un séjour en Libye. Le renseignement britannique tente de vérifier la réalité de ce séjour et de déterminer s'il a pu à cette occasion entrer en contact avec des militants de l'organisation Etat islamique, qui a revendiqué mardi l'attentat. Sur la BBC, Amber Rudd a dit "penser" qu'il était effectivement rentré récemment de Libye. Son homologue français, Gérard Collomb, citant des informations obtenues de source britannique, a indiqué pour sa part qu'il était "sans doute" passé également par la Syrie. VINGT BLESSÉS DANS UN ÉTAT CRITIQUE Des milliers de spectateurs, souvent très jeunes, assistaient lundi soir au concert d'Ariana Grande, très populaire auprès des enfants et des jeunes adolescents. Des mineurs sont au nombre des victimes de l'attaque la plus meurtrière commise sur le sol britannique depuis les attentats coordonnés de juillet 2005 contre les transports publics à Londres qui ont fait 52 morts. Mardi soir, des milliers de Mancuniens se sont regroupés dans le centre de la ville pour leur rendre hommage et rejeter toute idéologie de haine. Une cérémonie, oecuménique, s'est déroulée en présence de représentants des communautés musulmane, chrétienne, juive et sikh de la ville. "Ensemble, unis. Un acte de terrorisme ne pourra pas briser cela", a dit Daniel Liptrott, homme d'affaires quadragénaire interrogé sur les sentiments que lui inspire cette veillée. A intervalles réguliers, le silence s'interrompt et la foule scande "Manchester, Manchester "! L'identification des victimes s'est parallèlement poursuivie. Une petite fille de huit ans, deux adolescentes et un homme de 28 ans sont au nombre des personnes décédées, ainsi qu'un couple de Polonais venus récupérer leurs deux filles à la sortie du concert. Les deux enfants sont indemnes. A Paris, Gérard Collomb a déclaré qu'aucun Français ne figurait au nombre des victimes. Mercredi matin, selon les autorités médicales, vingt blessés se trouvaient toujours dans un état critique. (Henri-Pierre André pour le service français)