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Européennes: Le RN devant LaRem, percée des Verts, LR à terre

Des supporteurs du Rassemblement national, qui a confirmé son enracinement en arrivant dimanche en tête du scrutin européen en France. /Photo prise le 26 mai 2019/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Le Rassemblement national a confirmé son enracinement en arrivant dimanche en tête du scrutin européen en France, avec environ 24% des voix, devant l'alliance La République en marche-MoDem, à moins de deux points derrière, reproduisant à peu de choses près le duel de la présidentielle de 2017.

La forte participation de 52%, soit neuf points de plus qu'en 2014, a fait bouger des lignes sans perturber le duel entre la majorité et le camp de Marine Le Pen, qu'Emmanuel Macron a échoué à reléguer à la seconde place malgré une campagne très personnelle.

Tout à sa satisfaction d'avoir "la confiance des Français", Marine Le Pen a exhorté le chef de l'Etat à tirer "toutes les conséquences" de ce vote. "Il n'a d'autre choix selon moi, au minimum, que de dissoudre l'Assemblée nationale", a-t-elle dit à la proclamation des premiers résultats.

Relégué à 1,2 point derrière le RN selon l'institut Elabe, le camp présidentiel s'est montré à la fois déçu par cette seconde place, rassuré par ce faible écart et déterminé à maintenir le cap des réformes. [L5N22Z4TW]

"L'HEURE EST À L'ACTION", DIT EDOUARD PHILIPPE

"Quand on termine deuxième à une élection, on ne peut pas dire qu'on l'a gagnée", a déclaré le Premier ministre, Edouard Philippe, qu'un plus mauvais score aurait fragilisé à Matignon.

"Ce message est fort, et nous l'avons reçu cinq sur cinq, comme nous avons reçu le message de nombreux Français sur l'urgence écologique", a-t-il ajouté. "L'heure est donc à l'action car les Français nous jugeront au final sur une seule chose, des résultats."

Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, note une "reproduction du schéma de la présidentielle" pas si dommageable pour le pouvoir en place. "C'est un échec mais ça évite un psychodrame de remaniement, car les écarts sont relativement ténus", a-t-il dit à Reuters.

Derrière ce duo, la première surprise vient de la liste Europe Ecologie-Les Verts, dont la percée à 13% des voix confirme la "vague verte européenne" liée au dérèglement climatique, a commenté la tête de liste Yannick Jadot, qui repart à Strasbourg pour un troisième mandat.

La quatrième place des Républicains, avec un score de l'ordre de 8,5%, est un échec historique pour le camp dirigé par Laurent Wauquiez depuis un an et demi. "La droite traverse une crise profonde, tout est à reconstruire", a reconnu la tête de liste, François-Xavier Bellamy tandis que l'ambitieux sénateur Bruno Retailleau lançait sans attendre un appel à la refondation.

Sombre soirée, aussi, pour La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, au score annoncé de 6,1% divisé par trois par rapport à celui de la présidentielle malgré la mise sous la lumière d'une nouvelle recrue de 29 ans, Manon Aubry.

"La pente qui est prise est mauvaise. Il est possible de l'inverser. Mais cela reste impossible si chacun, en conscience, ne prend pas pour lui-même ses responsabilités. C'est l'heure des combats et des caractères", a dit Jean-Luc Mélenchon dans un court message à ses troupes défaites.

GLUCKSMANN LANCE "LA REFONDATION DE LA GAUCHE"

La France insoumise se retrouve au coude-à-coude avec l'attelage Parti socialiste-Place publique, qui fait mieux qu'éviter la relégation en deçà des 5%, la limite pour envoyer des élus à Strasbourg, que lui prédisaient certains sondages.

"Ce que nous avons fait, c'est lancer la grande aventure politique des années qui viennent, c'est-à-dire la refondation de la gauche démocratique dans notre pays", a dit la tête de liste Raphaël Glucksmann.

Ce nouveau venu sur la scène politique a tendu à la main aux autres forces de gauche n'ayant pas fait un score suffisant pour avoir des élus. C'est le cas de l'ancien socialiste Benoît Hamon, crédité d'environ 3% et du communiste Ian Brossat (2,5%), qui paient leur choix d'une campagne dans un espace trop réduit.

"Bien que morcelée, la gauche fait mieux qu'à la présidentielle et dépasse 30%", note Frédéric Dabi. "Europe écologie-Les Verts peut désormais apparaître comme un pôle dominant mais attention : les élections européennes n'ont jamais été prédictives."

Parmi les autres listes sous la barre des 5% figurent celles de Nicolas Dupont-Aignan (3,5%) et du centriste Jean-Christophe Lagarde (2,4%).

Selon les projections de l'institut Elabe, six partis se partagent donc les 79 sièges attribués la France : 24 pour le Rassemblement national, 22 pour la République en marche-Mouvement démocrate, 13 pour Europe écologie-Les Verts, huit pour les Républicains, six pour La France insoumise et six pour Place publique-Parti socialiste.

Mais dans son estimation, l'Ifop table sur le nombre de députés pour LaRem et le Rassemblement national.

(Elizabeth Pineau, Simon Carraud et Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)