Le renseignement allemand enquête sur l'AfD

L'agence allemande du renseignement intérieur va enquêter sur le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) pour établir si cette formation politique a des motivations d'extrême droite, rapporte mardi le Tagespiegel. /Photo prise le 30 juin 2018/ REUTERS/Michaela Rehle

BERLIN (Reuters) - L'agence allemande du renseignement intérieur a annoncé mardi qu'elle allait enquêter sur le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) pour établir si cette formation politique a des motivations d'extrême droite et si elle viole les dispositions constitutionnelles allemandes.

Au terme d'un rapport de 450 pages, l'Office fédéral de protection de la Constitution (BfV) a dit juger que l'AfD, principal parti allemand d'opposition, est un "cas à examiner", confirmant une information révélée par le Tagespiel.

La Loi fondamentale pour la République fédérale d'Allemagne contient des dispositions qui autorisent l'étroite surveillance, voire l'interdiction, des organisations d'extrême gauche et d'extrême droite.

"Les premiers éléments en possession du BfV tendent à montrer que l'AfD a des pratiques qui vont à l'encontre de l'ordre constitutionnel démocratique", a déclaré mardi Thomas Haldenwang, le directeur de l'agence du renseignement intérieur, lors d'une conférence de presse.

"Ces éléments sont toutefois insuffisants pour commencer à surveiller le parti en recourant à des méthodes d'espionnage", a-t-il ajouté.

Thomas Haldenwang, qui a succédé à Hans-Georg Maassen, écarté de son poste pour avoir été soupçonné de sympathies à l'égard de l'extrême droite, a précisé que son agence s'intéresserait de près au mouvement de jeunesse issu de l'AfD et à l'entourage de Björn Höcke, un des dirigeants du mouvement.

On lui reproche d'avoir tenu des propos controversés sur l'Holocauste, notamment lorsqu'il a estimé que le monument érigé en mémoire des victimes de la Shoah était un "monument de la honte". Selon le BfV, certains proches de Björn Höcke sont déjà considérés comme des extrémistes.

"Quiconque discrimine en raison de l'origine est raciste et nationaliste. Certains membres de l'AfD relèvent de l'Office fédéral de protection de la Constitution", a commenté sur Twitter le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.

"Les surveiller ne résoudra pas les problèmes. Il faut surtout s'occuper de l'AfD objectivement et politiquement", a-t-il ajouté.

Alexander Gauland, l'un des deux codirigeants de l'AfD a condamné les déclarations du patron du renseignement intérieur.

"Nous pensons bien sûr que la décision du BfV est mauvaise. Il est aussi tout à fait certain que nous allons prendre des mesures juridiques contre cette décision."

(Michelle Martin, Nicolas Delame pour le service français)