Le regain d'appétit pour le risque se confirme

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont terminé sous leurs plus hauts du jour jeudi, une fin de matinée hésitante à Wall Street sur fond de chute des cours du pétrole ayant incité aux prises de bénéfice en fin de séance, sans toutefois remettre en cause le regain d'appétit pour le risque au mépris de la remontée des rendements obligataires.

À Paris, le CAC 40 a clôturé sur un gain de 1,11% (57,26 points) à 5.222,52 points après avoir atteint en matinée 5.255,08, son plus haut niveau depuis huit jours, et à Francfort, le Dax a fini sur un gain symbolique de 0,06% après avoir pris jusqu'à 1,14% en séance.

A Londres, le FTSE 100 a progressé de 0,29%; l'indice EuroStoxx 50 a pris 0,59%, le FTSEurofirst 300 0,36% et le Stoxx 600 0,53%.

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait dans le vert, le Dow Jones s'adjugeant 0,33%, le Standard & Poor's 500 0,35% et le Nasdaq Composite 0,67%.

Les marchés américains semblent en passe d'enregistrer leur cinquième séance consécutive de progression après avoir brièvement basculé dans le rouge en matinée en réaction à l'accélération de la baisse des cours du pétrole: le Brent a touché un plus bas à 63,12 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est brièvement tombé sous les 60 dollars.

LA CORRECTION SEMBLE TERMINÉE

Les marchés actions n'en confirment pas moins leur rebond en dépit des signes récents suggérant une accélération de l'inflation, pourtant susceptibles de favoriser la remontée des taux d'intérêt et donc de nuire aux actions.

Les indicateurs du jour aux Etats-Unis, qu'il s'agisse des chiffres des prix à la production, de l'indice "Philly Fed", de l'"Empire State" ou des inscriptions au chômage, continuent pourtant de refléter une croissance toujours soutenue et une santé éclatante du marché du travail, deux facteurs favorables à la hausse des prix.

Mais ils n'ont provoqué aucune poussée des rendements obligataires, au contraire: le dix ans américain est revenu sous 2,9% après un pic à 2,944% et son équivalent allemand, qui frôlait 0,8% en matinée, a fini la journée tout près de 0,76%.

"Les marchés ont montré une résilience à la hausse des taux. C'est sain, et probablement le signe que la correction que nous avons eue est en grande partie finie", commente Stéphane Déo, responsable de la stratégie de LBPAM.

La volatilité, elle, confirme son reflux: l'indice Vix américain, qui avait dépassé 50 la semaine dernière, est revenu sous 20 et celui de l'EuroStoxx a reculé de près de 50% depuis son pic de vendredi dernier.

Sur le marché des changes, le dollar, en baisse pour la quatrième séance consécutive, cède 0,41% face à un panier de devises de référence. L'euro a brièvement repassé en début de séance le seuil de 1,25 dollar pour la première fois en près de deux semaines et le yen a touché un pic de 15 mois face au billet vert.

Le sentiment négatif envers la devise américaine, lié entre autres à la perspective d'un creusement du déficit budgétaire et de la dette aux Etats-Unis, l'emporte ainsi sur l'effet porteur de la tendance de fond à la hausse des rendements des Treasuries.

LES RÉSULTATS D'AIRBUS SALUÉS PAR UN BOND DE PLUS DE 10%

Côté actions, la séance en Europe a été animée par une nouvelle série de publications de résultats: Airbus a bondi de 10,28%, les bénéfices et la trésorerie du groupe aéronautique occultant la nouvelle charge exceptionnelle de 1,3 milliard d'euros liée aux déboires de l'avion de transport militaire A400M.

Schneider Electric (+3,41%) a profité de résultats 2017 record en dépit d'effets de change négatifs tandis que Carrefour (+3,19%) profitait de l'avis favorable d'UBS sur sa nouvelle stratégie.

Le laboratoire pharmaceutique Ipsen a gagné 5,36% après l'annonce d'un chiffre d'affaires annuel en hausse de 21% et d'une marge opérationnelle en progression de 3,4 points.

Parmi les plus fortes baisses du CAC figurent de nombreuses valeurs sensibles à l'évolution des taux comme Veolia (-1,50%) ou

Unibail-Rodamco (-0,93%).

A Londres, l'assureur vie Standard Life Aberdeen a chuté de 7,53% après l'annonce de la remise en cause d'un important contrat de gestion d'actifs avec Lloyds Banking et Scottish Widows. Quant au groupe pharmaceutique Indivior, il a cédé 7,39% après l'annonce de nouvelles et lourdes provisions pour litiges.

Nestlé a quant à lui perdu 2,1% après des résultats annuels jugés décevants.

(Edité par Bertrand Boucey)